Le commissariat. L'endroit où personne, sauf les pervenches, ne souhaite se trouver. Et pourtant c'était bien dans leurs sous-sol, dans une cellule étroite empestant l'urine, les fécès, la sueur et avec tout cela la peur et la colère que se trouvait Cornell. Prostré dans un recoin de sa cage, se balançant doucement sans s'en rendre compte, il se demandait encore et encore comment il avait pu en arriver là, mais il n'arrivait même plus à penser clairement. Il était tombé dans une spirale, un typhon qui l'avait d'un coup fait plonger. Il avait tout foutu en l'air, lui tout seul, comme un grand imbécile.
Il se ramassa un peu plus, le regard torve. De temps à autre, il percevait des bruits, des portes qui claquaient au loin, des voix dures, des injures, des sons stridents. Habituellement, le bruit le rassurait un peu, il arrivait à se dire qu'il n'était pas seul. Ses bruits-là l’enfonçaient plus encore. De temps à autre, une idée vague émergeait de son esprit. Peut-être que l'on le traiterait mieux s'il dénonçait quelqu'un. L'antiquaire. La meuf. Qui que ça soit. Peut-être ... peut-être qu'il ne reverrait plus jamais sa famille. Sa mère, son père, sa sœur, ô sa sœur. Pourquoi voudrait-ils le voir de toute façon ? Ils voulaient surement l'effacer de leur vie, comme on efface n'importe quelle erreur. On lui avait tout enlevé. Il n'avait plus que les vêtements qu'il portait.

Il ne pouvait plus que se morfondre. Ici, en cellule, il n'y avait que cela à faire, ou bien insulter les rares flics qui passaient en hurlant. Mais on l'avait muselé de toute manière.

Une porte claqua depuis le rez-de-chaussée, et on entendit les bribes d'un échange de voix, entre l'homme à l'accueil (un peu énervé) et un visiteur (dont la voix était menue et douce). Puis on entendit leurs pas les diriger vers les escaliers, escaliers qui menaient au sous-sol et sous-sol avec ses cellules de détention provisoire.

Les faibles rayons du soleil qui parvenaient à se filtrer par les escaliers furent bloqués par deux ombres, une beaucoup plus petite que l'autre. Au fil de leurs pas les ombres se définirent: il y avait un homme et un chien, chien aux oreilles triangulaires sur la tête et possédant un collier en métal, sur lequel se réfléchissaient les rayons du soleil. Arrivé en bas, l'homme se rangea contre le mur, et le chien s'avança de quelques pas sautillants, étroits et maladroits, un peu comme s'il avait du mal à manoeuvrer avec ses longues pattes. Il s'ébroua, la lumière en contre-jour derrière lui traçant d'un contours blanc sa silhouette.

« Cornelius Lupesco? »

Dit alors une voix. Le chien - c'était un loup, plutôt - s'approcha de quelques pas de la cage, reniflant au travers, la queue basse, un peu comme pour se présenter à son collègue lupin. Mais tout de suite ensuite il se recula d'un pas, et en un battement de cil, ce n'est plus un loup qui était là, mais un homme au visage rabougri et ambre, un peu grassouillet sur les bords et enveloppé dans une veste tricolore (rouge, noire et aux accents de blanc), empoignant une serpillière ainsi qu'un sceau sur le mur adjacent à celui de la cage. Dans son cou, un collier de métal sur lequel on pouvait lire les lettres B A D S T O R I E S

L'homme lui tourna le dos, trempant sa serpillière dans le sceau, et la voix reprit, nette, claire, comme si elle était pile en face de Cornell..

« L'agence Bad Stories m'envoie vous parler. Je ne vais pas perdre mon temps à vous demander comment vous allez, vu les circonstances, mais j'aimerais que vous m'expliquiez la raison de votre présence ici. »

Une pause.

« Je vous écoute. »

Ses yeux se relevèrent enfin un peu lorsqu'il entendit son nom, écorché comme toujours. Les personnes semblaient mieux percevoir "Cornelius" que simplement "Cornell". C'était bien la raison pourquoi "Luke" détonnait tellement sur ses cartes. Plus facile à retenir. C'était de la bonne culture homo-judéo-chrétienne. Ça coulait tout seul.
Mais ce qu'il vit le surpris. Un loup. Enfin, un canidé du moins. Un truc maigrichon. ... Un ... Un membre de son espèce ? Une lueur se ralluma brièvement dans son regard puis il vit le collier. Puis un humain avec ce collier. Puis le mec qui essuyait le sol. Il cilla encore un peu, sans chercher à comprendre.

L'agence Bad Stories m'envoie vous parler. (Ah tiens. Surprenant qu'ils ne soient pas arrivés plus tôt.) Je ne vais pas perdre mon temps à vous demander comment vous allez, vu les circonstances, (Ouais, c'était sympa ça.) mais j'aimerais que vous m'expliquiez la raison de votre présence ici.
La voix était calme, posée, sans compassion. Mais calme. Ni insultante, ni dégoulinante de fausse pitié ou de sarcasme. Il cilla, abruti, attendant une précision sur ce qu'il voulait savoir.
Je vous écoute.
Il prit une grande inspiration, releva un peu la tête pour se dégager la trachée.
Beeen... j'ai été arrêté aux douanes alors que j'essayais de me barrer. A quoi bon nier : ils devaient avoir le dossier. Il n'avait plus qu'à avouer ses fautes, le répéter comme un gosse à qui l'on passe un sale savon. Avec des trucs qu'étaient pas vraiment à moi quoi

Il regarda l'homme qui s'évertuait toujours à frotter son sol, lui tournant le dos, comme pour diminuer l'odeur de cachot médiéval et de misère crasseuse du coin. Ou au moins des couloirs. Les flics et les gens libres étaient trop biens pour foutre le pied dans une flaque de pisse ou de vomi.

Z'avez le dossier, non.

Au moins il coopérait. Il n'avait pas envie d'être ici, le concierge n'avait pas envie d'être ici, le Phantom derrière n'avait pas envie d'être ici, personne n'avait envie d'être ici alors il faisait bien de coopérer. C'était un brave petit, il aurait pensé, si ses mains n'étaient pas liées par l'objectivité que lui forçait l'Agence à adopter.

— « Z'avez le dossier, non. »

... Tant pis pour l'objectivité.
Le ton s'envenima, mais le venin ne fut pas dirigé vers Cornell:

« Ces incapables peuvent bien écrire ce qu'ils veulent dans le dossier, je veux entendre de votre bouche les faits comme ils l'étaient.

1. Qu'est-ce qui vous a poussé à voler?
   
   
   
2. Quelles sont les circonstances qui vous ont fait quitté le domicile familial?
   
   
   
3. Pour quelle raison avez-vous été arrêté en possession de BlueStrike, alors que votre nom ne figure sur aucun registre de prescription? »

Le concierge se mit à remuer les épaules, un petit sourire venant pousser les pommettes de ses joues.
— « Mec tu lui poses beaucoup trop de questions...
— Tais-toi et frotte.

Le concierge passa sa langue sur son nez et leva les yeux au ciel, laissant tomber l'affaire.
— Ouais ouais... »

Et évidemment il ouvrait sa grande gueule sur une phrase de trop, comme d'hab', et le tout s'aggravait.
Ces incapables peuvent bien écrire ce qu'ils veulent dans le dossier, je veux entendre de votre bouche les faits comme ils l'étaient.
Bah, il pouvait y aller, hein. Ça s'appelait aussi une gueule, un museau, une boîte à camembert.
Qu'est-ce qui vous a poussé à voler?
Il passa nerveusement sa langue sur ses babines, se préparant à répondre. Mais l'autre n'avait pas fini.
Quelles sont les circonstances qui vous ont fait quitté le domicile familial?
Il piétina, pour autant que l'on puisse piétiner dans sa position. A ce prix là, il préférait presque être tout seul.
Pour quelle raison avez-vous été arrêté en possession de BlueStrike, alors que votre nom ne figure sur aucun registre de prescription?
Il arrêta de piétiner et se ratatina, se fermant comme une huître. C'en étaient de bonnes questions tout ça, de bonnes questions qui allaient l'obliger à balancer. De mieux en mieux. Puis une autre voix entra en scène, prenant sa défense. Aux mots échangés, il comprit que son défenseur était le concierge. Le loup. Un gars d'Hansel pour sûr. Il tenta de remettre son cerveau en état de marche pour savoir s'il le connaissait.
Merci mec.
L'intervention l'avait légèrement décrispé, il se râcla la gorge et répondit sans filtre, puisque l'autre le demandait ainsi.
Pour être franc ... De un, les autres le disent assez : j'viens d'Hansel ; et avant Hansel, j'suis roumain. Bon ... c'était p'tet pas la meilleure façon de communiquer. Et pis j'avais b'soin de tunes rapides pour me barrer, au cas où.
La vérité crue. Cette meuf n'avait pas besoin d'autant de tunes, lui si, et fissa. C'était pas comme si il avait braqué quelqu'un d'Hansel. En dehors d'Hansel, une petite centaine de dollar ici ou là, il l'avait juste un peu dans l'os, ils shootaient dans une feuille de cèdre sur leurs pavés dorés, puis ils oubliaient en commandant chez le traiteur. Lui pigeait l'expression "un sous est un sous".
P'tit deux ...
Il hésita plus. Voler, ça n'impliquait que lui. Ça le foutait dans la merde, même moralement, mais il était le seul à plonger, alors que là ... et si son père perdait son travail ? Ou s'ils avaient des représailles ?
...
Ils l'avaient viré, il leur en voulait. Ils auraient du savoir, putain ! Ils auraient du savoir qu'il n'était pas comme ça ! Enfin si ! Non. Il ne savait plus. Il savait seulement que c'était ses parents, sa famille. Sa mère qui lui avait donné la vie, son père qui lui avait torché le cul, bébé. Sa petite sœur dont il avait changé les couches et calmé les pleurs après de mauvais rêves.
J'veux pas qu'ils aient de représailles ... y a encore Tatiana...
Il sentit un courant froid le traverser.
Et de trois ... parce qu'on m'a repéré ? tenta-t-il d'esquiver. De toute façon, les deux questions étaient liées. S'il n'avait pas eu du Bluestrike, s'il n'avait pas été un connard complet, rien de tout cela ne serait arrivé.

Il se ratatina à nouveau, semblant rétrécir à vue d'oeil comme son poil -qui avait connu des jours plus glorieux- pendouillait ternement, il savait déjà que ses réponses allaient énerver le Phantom qui restait planqué dans l'ombre, comme un Phantom, quoi. il sentit son nez le piquer.

J'voulais juste être comme les autres, moi ...

« Merci mec. »
La murmure, si petit soit-t-il, se rendit quand même aux oreilles du concierge qui leva sa tête dans le puits de lumière, rendant un sourire à son "allié". Il avait déjà été de son côté, de l'autre bord des barreaux, à devoir répondre à cette voix monocorde quant aux raisons derrière ses actions. La pensée lui arracha un petit tremblement, et on entendit le tissu de ses manches se froisser comme il resserrait sa main sur l'une d'elle. Au moins Cornell n'avait tué personne.

— Pour être franc ... De un, les autres le disent assez : j'viens d'Hansel ; et avant Hansel, j'suis roumain. Et pis j'avais b'soin de tunes rapides pour me barrer, au cas où.

Il avait volée la femme de la plage parce-qu'il voulait de l'argent au cas où il s'enfuisse de la ville. Pourquoi voulait-il s'enfuir de la ville. Parce-qu'il avait volé? ... Ça faisait raisonnement circulaire tout ça, et on put entendre l'équivalent du son de dents qui se grincèrent ensemble, par énervement. Il lui manquait des informations. Pourtant ce n'était pas à défaut de toutes les voir.

— P'tit deux ...
Une hésitation. La première question le concernait lui, la deuxième question concernait sa famille et la troisième question concernait un pair, un complice, une tierce personne qui lui aurait fourni le bluestrike en question. L'hésitation tirait son origine de l'amour qu'il avait encore pour sa famille, alors qu'il était clair qu'il ne l'avait pas quitté par devoir ou par envie, mais qu'il s'était tout simplement fait chassé.

Et Cornell confirma ces soupçons:
— J'veux pas qu'ils aient de représailles ... y a encore Tatiana...

Il comprenait. Cornell n'aurait pu voir son hochement de la tête même s'il l'avait voulu mais bon, il y était habitué.
Restait la troisième question.

— Et de trois ... parce qu'on m'a repéré ? »
Une sorte de souffle d'un rire, sans éclat de voix.

« Pff ff. »


« Ma dernière question était un peu longue, je comprends. Permettez-moi de simplifier:


Par quels moyens avez-vous obtenu ce Bluestrike ? »

— J'voulais juste être comme les autres, moi ...
Le concierge se tourna un peu plus vers le captif, la tête basse et les épaules tombantes, respectant la hiérarchie des lieux.
— ...Si ça peut te rassurer mec, le Doc est pas ici pour te punir ou t'envoyer au Centre de recherche.
— ...Comme le voulaient ces crétins qui ont remplis ton dossier.

Appuyé contre un mur, l'ombre ruminait, les mâchoires serrées. Il avait voulu une semaine de plus en rentrant. Un temps avec sa fillette, pour lui permettre de s'adapter à son nouvel environnement. Mais non. Ces crétins, comme s'évertuait à le répéter le TS -croyait-il que Mad Dog allait se reconnaître dans ce terme ?-, avaient une fois de plus fait un travail digne d'un flic. En d'autres termes : un bon gros merdier. A croire que tout reposait sur lui. Arelan ne savait pas s'il devait s'en sentir flatté ou affligé. En attendant, il était bien obligé d'écouter, dans la crainte que le TS ne cherche à réécrire un rapport erroné.

Je ... je suis pas une balance balbutia le jeune Lupesco, se sentant obligé, de son côté, de coopérer un peu. Habituellement très patient, Arelan se mit à grogner.
Bien sûr que tu n'es pas une balance... tu es un jeune con dans la merde jusqu'au cou. Pour l'moment, tu vois, on a tout contre toi, on a tout pour te faire tomber, alors t'es gentil, mais tes nobles sentiments à deux balles, tu te les gardes, ou tu plonges.

Plus vite c'était fini, plus vite il larguait ça et retournait s'occuper d'une mini-nonne probablement paumée.

— Je ... je suis pas une balance.
— - la voix se vit interrompre par leur garde du corps adossé au mur derrière, près des escaliers:
— Bien sûr que tu n'es pas une balance...

Sentant l'interférence, le concierge, qui avait fini de frotter le sol, se décala d'un vaste pas de côté afin d'éviter l'aura écrasante du Phantom. Son instinct animal criait plus fort que la raison.

— Tu es un jeune con dans la merde jusqu'au cou. Pour l'moment, tu vois, on a tout contre toi, on a tout pour te faire tomber, alors t'es gentil, mais tes nobles sentiments à deux balles, tu te les gardes, ou tu plonges.

« ... En fait, poursuivit lentement la voix du doc, ce que mon collègue oublie de dire, est qu'en raison de votre âge, vous n'aurez pas à subir les mêmes conséquences qu'un adulte dans une situation similaire.

J'entend par là que puisque vous êtes mineur (et êtes un membre recensé de l'Agence), outre une marque dans votre dossier criminel, ce petit incident ne vous coûtera pas vingt ans dans le Pénitencier. L'Agence cherche à vous aider, pas à vous nuire. »

Et il reprit.

« Quoi qu'il en soit, ceci confirme mon soupçon quant à l'existence d'une tierce personne. ....Et eux s'évertuaient à dire qu'il y avait eu récidive de vol... »

Vers Arelan:

« D'ailleurs, toujours rien sur la contrefaçon ? »

Une troisième voix se fit entendre en un long grondement haineux. Il serra les dents alors que ses oreilles finirent de s'ourler. Ça faisait un moment, tiens ... Puis la première voix vint à sa rescousse, lui expliquant avec calme et bonté qu'il n'était pas en si mauvaise position, ce qui ne valut qu'une sorte de bruit d'air. La troisième voix n'était pas d'accord. En effet, Cornell était mineur, mais une Incarnation, même recensée. Et pas l'incarnation d'un nain ou du lapin blanc. Il était un loup-garou, ce qui pourrait faire pencher quelques balances pétochardes.

Cornell releva doucement les yeux vers l'ombre lorsqu'il entendit :
Quoi qu'il en soit, ceci confirme mon soupçon quant à l'existence d'une tierce personne. ....Et eux s'évertuaient à dire qu'il y avait eu récidive de vol...
Donc, même sans vouloir, il les vendait un peu. Il ne dirait rien de plus à leur sujet. Wait wait wait. Une lueur d'intelligence, à peine un bref court-circuit se ralluma dans le cerveau de Cornell. Trois voix, deux corps. C'était quoi ça. Ses oreilles se relevèrent un peu et sa truffe s'agita, cherchant trois odeurs, trois différents sets de signes vitaux confusément.
D'ailleurs, toujours rien sur la contrefaçon ?
Il y eut un moment de blanc, très bref, mais que tous ressentirent. Un malaise.
L'enquête piétine. exprima sobrement l'ombre pour cacher le mélange de honte, de mépris et de colère qui le malaisait brusquement, il se tourna mieux vers le Doc But that wreck had two different kind on him, and I'd like him to explain that, one way, or another.

Le jeune se rappela brutalement les rumeurs circulant sur les Phantoms, sur leurs troublantes ressemblances avec la Gestapo, et se ratatina à nouveau, sentant sa queue revenir doucement sur sa cuisse. Il était dans la grande grande merde.
H-he said you can't do me anything ! sa voix d'adolescent grinçait de façon plus paniquée qu'il ne l'aurait voulut, ou même cru ... wwhere ever the heck he is.

Il y eut comme un silence. Ni trop long pour alourdir l'atmosphère, mais ni trop court pour ne pas se faire ressentir. En temps normal un silence manifestait de l'embarras ou de l'hésitation, ou de la prudence.

Mais un silence, venant d'un énergumène aussi by-the-book que le phantom Arelan MacDuncan, qui était capable d'anticiper trois pas de plus qu'un autre, était alarmant. Et pour le peu qu'il dura, le silence fit et se tendre le concierge, qui rinçait sa serpillière dans un clapotis, et se tendre le doc (en se concentrant on aurait presque pu l'entendre serrer les dents, si même des dents il avait).
— « MacDuncan,

— « L'enquête piétine.
Mauvais signe. Sa tentative de dissimuler au Doc les relents de honte que lui valaient cet échec fut, eh bien, un échec. Arelan chercha à se tourner un peu mieux vers lui puisque se voix changea légèrement de direction, marmottant entre sa barbe de trois jours:
— But that wreck had two different kinds on him, and I'd like him to explain that, one way, or another. »

« - »

Deux... types ? Il aurait dit deux "doses", s'il avait simplement s'agit de deux fioles de BlueStrike identiques. Mais son choix de mot avait été différent. Deux types. "Types". Ça voulait dire que les deux "doses" avaient une concentration différente - il y avait une très forte probabilité de l'existence de plus d'une tierce personne, puisqu'il y avait désormais la possibilité de deux sources différentes.

«... Vous avez dit quoi. »

Bien sûr ceci n'avait pas été marqué dans le dossier. On avait vu l'incident comme une récidive de vol : le jeune avait volé du Bluestrike (sans savoir qu'il s'agissait d'une contrefaçon*?) et le jeune avait volé la femme habitant au bord de la plage. Sa relation avec celle-ci n'avait d'ailleurs jamais été établie - puisque l'enquête piétinait.

Pas une information importante, elle vivait au bord de la plage, elle était riche et elle vivait seule, la rendant une proie parfaite pour un cambriolage à domicile (werewolf pitted against a woman, obvious outcome, etc)

Deux contrefaçons ?

Derrière ses barreaux le jeune eut un tremblement, sa queue se relevant sur sa cuisse attirant la compassion de son compère concierge qui lui lança un petit regard par-dessus son épaule, le dos toujours voûté.

Deux contrefaçons...

— « H-he said you can't do me anything ! ...
Non. Il avait dit qu'il n'aurait pas à subir les mêmes conséquences qu'un adulte pour son crime. Pas qu'il serait disculpé de tout soupçons et sauvé d'un interrogatoire.

wwhere ever the heck he is. »

« -- mmiiiiiiinute vous avez dit DEUX !? »

— Mais alors pourquoi vous avez besoin de MOI dans tout ça!?

Qu'est-ce que vous faites à VOUS TOURNER LES POUCES alors que dehors il y a DEUX (sinon plus) réseaux de CONTREBANDE qui falsifient du BLUESTRIKE !?

Lorsque La Voix tonna, Cornell faillit faire un demi-tour sur lui même, levant ses avant-bras devant lui pour se protéger malgré les barreaux qu'il oublia un bref instant, s'attendant à sentir (encore) une pluie de coups s'abattre sur lui ; puis les mots trouvèrent enfin leur chemin, malgré leur volume, jusqu'à son cerveau, et il comprit que la crise de colère n'était pas dirigée vers lui. Vers il ne le savait qui, peut-être même pas vraiment vers l'ombre -qui n'avait, au passage, à peine bougé d'un yota. Pire encore, il s'exprima à nouveau d'une voix raillarde.

I know, right ! That's what I was bloody tellin' when they told me I had to come here to escort you, buut, meh. Kinda rare to be listene'd to around here, espacially when you actually have good ideas.

Puis, le jeune lycanthrope put être certain de sentir deux yeux glacés se tourner vers lui. Deux yeux de fauves, invisibles dans l'ombre -qui ne brillaient pas ceux-là- qui se délectaient déjà de l'idée de tenir leur proie à portée de griffes. Ceux du "véritable" fauve en revanche, se tournèrent avec panique vers le concierge -son allié le plus stable jusqu'ici- à la recherche, encore, de quelqu'un pour sauver son derrière poilu.

— « I know, right ! That's what I was bloody tellin' when they told me I had to come here to escort you, buut, meh.
— M'escorter-- M'escorter !??
— Kinda rare to be listened to around here, espacially when you actually have good ideas. »

Malgré la tentative de calmer la furibonde voix du travailleur social, Arelan ne fit que jeter l'huile sur le feu, et le pépiement général dans les oreilles de chacun gagna en volume.
— « Meuh bien sûr ! Bien sûr que c'est MOI qu'ils envoient jouer la CONSCIENCE DE PINNOCHIO avec leur nouvelle COQUELUCHE dans l'espoir de trouver COMME PAR MAGIE une piste vers les faussaires! Magie de malheur. »

S'il l'avait pu, il aurait renversé un bureau, saccagé des documents et des dossiers écrits par des INCAPABLES, il oserait ajouter ! Mais non. À défaut de ne rien avoir sous la main, autant faute de sa taille que par sa proximité avec le détenu, le docteur Arkimedes poussa un très lourd soupir, bien audible, mais si ténu qu'il ne fit même pas remuer l'air.
— « .....Quelle perte de temps monumentale... »

Pendant ce temps, le concierge - un homme de main d'Arkimedes, personne-animale de surcroît - avait lâché sa serpillière dans son sceau d'eau, et en un clin d'oeil avait retrouvé une forme de canidé à la fourrure hirsute et aux oreilles bien basse sur sa tête aux creux saillants, lui donnant plus l'air d'un coyote dégingandé que d'un loup respirant la santé. Il s'était rangé près de la cellule du détenu, n'ayant pas été aveugle à la détresse dans son regard - y répondant par instinct, et par altruisme.

Mais malgré son désir de plaire sa queue était plaquée contre sa cuisse, signe qu'il n'était pas en position de prendre les rênes de cette virée virée visite.
— « Kaos. le coyote - plutôt le loup - dressa sa tête et pointa ses oreilles, se tournant vers la cellule du détenu, bien alerte. Donne-moi mon Bluestrike-- je n'en peux PLUS de vous ENTENDRE TOUS penser SI FORT.

Et un autre clin d’œil, et le loup était debout sous forme humaine, à fouiller dans les poches de la veste qui le recouvrait, sortant une petit fiole de Bluestrike qui éclairait presque l'obscurité du sous-sol. Le loup devenu homme s'accroupit et fléchissant les genoux, inclinant la fiole un peu au-dessus du plancher qu'il venait de nettoyer (si par nettoyé on entendait passer une vieille serpillière moisie par les bactéries et la mouiller):
— « MacDuncan *glou* Écrit. *glou*

Premièrement, il y a un marché pour la contrefaçon de Bluestrike.

Deuxièmement: il y a au moins deux faussaires - et probablement plus.

Troisièmement... une hésitation. Mais ce n'était pas par malaise, c'était par prudence.

Troisièmement, pure conjecture, mais quelque chose me dit que la victime du cambriolage est reliée de près ou de loin à cette affaire.

Et au fil des mots, une forme apparaissait dans l'ombre, gagnant en volume et en masse, sa silhouette se découpant dans les rayons qui provenaient de l'escalier. Entre temps le concierge s'était reculé et s'était hissé sur ses jambes à nouveau.

La voix n'avait pas changée, mais il semblait qu'elle provenait d'une bouche plutôt que de se réverbérer dans toutes les pièce, semblait-il:

— Je veux un mandat de fouille avant la fin de la semaine. Je me suis bien fait comprendre ? »
Il en oubliait la situation du jeune avec tout ça.

Arelan regarda (ou plutôt entendit) la crise de nerf du travailleur avec calme, camouflant même son sourire narquois dans la pénombre. Il profita même de la dite crise de nerf bien stérile -si l'autre croyait l’impressionner ainsi, en tirant la couverture à lui- pour sortir sa vapoteuse de son veston, l'allumant. Eeeeeet oui, ils perdaient du temps. Et s'énerver sur la perte de temps n'arrangeait rien, à vrai dire. Il perdit un peu son sourire en entendant l'énergumène réclamer au concierge du Bleustrike. Il ouvrit brièvement la bouche et la referma aussi sec. L'autre -peste soit de son nom lui aussi tellement original qui avait déjà échappé au Phantom- semblait tellement décidé à finir nu comme un vers entre ses désagréables cellules que l'irlandais ne pouvait décidément pas lui gâcher un tel plaisir.
cc
MacDuncan *glou* Écrit. *glou*
Le Phantom plongea sa main dans une poche et en sortit un téléphone qu'il déverrouilla rapidement avant de naviguer sur une application. Pour autant qu'il détestait recevoir des ordres, il devait bien obéir, non ? Après tout, il n'était qu'un exécutant sans cervelle.
Premièrement, il y a un marché pour la contrefaçon de Bluestrike.
Comme K-80-et-des-tas-de-poussières le lui avait indiqué. Il avait parlé d'un blond, non ? Il lui faudrait creuser la question avec son collègue. Ou non. Koulechov avait semblé trop ... circonspect lors de leur discussion. Au mieux, il ne voulait que protéger ses plates-bandes, au pire, il trempait dans cette contrebande, et pouvait être la raison pour laquelle l'enquête piétinait, voire encore mieux : une taupe !
Deuxièmement: il y a au moins deux faussaires - et probablement plus.
Thanks, Einstein. Deux types de contrebande dans les poches du gosses voulait dire deux recettes, donc, oui, on pouvait penser à plusieurs faussaires. Le Bluestrike était une industrie pleine de potentiel. Différents suspects possibles commençaient doucement à lui monter à l'esprit. Et avec eux la brûlure aigre de l'excitation du début de chasse. Il vit du coin de l’œil une forme bouger, enfler. Le travailleur. Arelan ne pensait déjà plus à la "rigolade" qu'ils allaient tous s'offrir dans quelques instants.
Troisièmement ... OUI QUOI TROISIÈMEMENT. Troisièmement, pure conjecture, mais quelque chose me dit que la victime du cambriolage est reliée de près ou de loin à cette affaire.
Oui, elle, il la retrouvait un peu trop souvent dernièrement. Alexa O'Neil.
Je veux un mandat de fouille avant la fin de la semaine. Je me suis bien fait comprendre ?
Arelan en arriva à oublier -non pas le jeune- mais le ton de la requête. Ses yeux se plissèrent sur cette expression de vieux chat cruel. Il avait enfin l'occasion de l'avoir à portée de griffes !
Well, probably this time they'll listen.

Le jeune de son côté -outre avoir enfin la solution à sa question sur les trois voix et deux corps- sentait au fur et à mesure ses entrailles se tordent, se glacer tandis que ses oreilles retournaient se cacher. Il n'avait rien dit, et pourtant, elle risquait d'avoir des problèmes. C'était son problème après tout mais néanmoins, le jeune se sentait concerné. Il tenta à nouveau de croiser le regard du concierge, de lui faire passer le message subliminal qu'il devrait la prévenir au plus vite, couinant de stress. Et attirant de même l'attention du trio sur lui.

What about him ? Since we're here, we might as well do the job properly, for once.

— « Well, probably this time they'll listen.
— Je compte sur VOUS pour les FAIRE écouter, MacDuncan. »

De son côté, le concierge se dévêtait de sa veste rouge pour la tendre à l'homme nu (heureusement dissimulé dans l'ombre) avant de faire de même pour son froc. Un clignement, et il n'avait plus besoin de se balader en sous-vêtements, sa forme de loup couvrant toute sa pudeur.

Arkimedes finissait de se vêtir - quoique les vêtements épars et de taille large de son comparse faisaient flotter son corps squelettique dedans - renvoyant quelques mèches folles vers l'arrière, poussant un soupir de soulagement quant au silence omniprésent à ses oreilles - il avait des oreilles plutôt que ses antennes, désormais, et n'arrivait plus à entendre le brouaha de réflexions de tout ces acteurs du sous-sol. Celles du détenu, mais surtout celles du Phantom derrière, en chasse.

— « What about him ? Since we're here, we might as well do the job properly, for once.
Le docteur n'eut aucun geste.
— Pas mon client.

Un mois au pénitencier pour cambriolage à domicile, et tentative de s'enfuir de la ville avec deux contrefaçons non-certifiées. Il est mineur, qu'il remplisse la moitié de sa peine au centre de correction ensuite.

Il réajusta du mieux qu'il le put le col de sa veste, cherchant à se donner un air un peu plus digne.
— Si c'est du Bluestrike que vous voulez, monsieur Cornelius Lupesco, contactez un pharmacien près de chez vous. Le Bluestrike est une substance délicate qui nécessite toutes les informations de votre fiche de santé afin de pouvoir déterminer la concentration idéale des ingrédients quant à votre poids et masse.

Chaque prescription est unique. Il n'est pas recommandé d'utiliser le Bluestrike d'une autre Incarnation - ceci pourrait avoir de graves répercussions sur votre santé. »

Le mystère de la troisième voix se leva lorsqu'un troisième corps d'homme se morpha devant eux dans le couloir – puis eut la pudeur de couvrir sa peau presque totalement glabre avec les vêtements du concierge lycanthrope. Le dialogue qui se poursuivit ne rassura pas pour autant le plus jeune : elle était toujours dans de beaux draps – dans tous les sens du terme, semblait-il – et il ferait de son possible pour l'aider, pour rembourser ainsi sa dette, ou au moins une partie, et pour aider une autre Incarnation. Il se passait la main sur le front jusqu'à la nuque lorsque le Doc prit à nouveau la parole, rassemblant ses forces pour lever sa lourde tête.
Un mois au pénitencier pour cambriolage à domicile, et tentative de s'enfuir de la ville avec deux contrefaçons non-certifiées. Il est mineur, qu'il remplisse la moitié de sa peine au centre de correction ensuite.
Sa tête retomba, celle du Phantom hocha sereinement. Au moins savait-il à peu près à quoi s'en tenir, même si intérieurement, il espérait jusqu'ici s'en tirer à bon compte, avec une tape sur les doigts. Il leva un œil, son juge n'en avait pas fini avec lui.
Si c'est du Bluestrike que vous voulez, monsieur Cornelius Lupesco, contactez un pharmacien près de chez vous. Le Bluestrike est une substance délicate qui nécessite toutes les informations de votre fiche de santé afin de pouvoir déterminer la concentration idéale des ingrédients quant à votre poids et masse.

Chaque prescription est unique. Il n'est pas recommandé d'utiliser le Bluestrike d'une autre Incarnation - ceci pourrait avoir de graves répercussions sur votre santé.
Il le saurait pour le jour où la folie de reprendre du Bluestrike le reprendrait.
Thanks, your honor... soupira-t-il, cherchant à se relever de ce nouveau coup mental.
Well, I guess we've lost enough time here exhala à son tour le Phantom
WAIT. glapit soudainement le louvard en se jetant sur les barreaux de sa cage avec fracas, provoquant l'agitation de plusieurs autres voyous, dont l'ombre qui était tombée en garde, prête à la défense. M-mon couteau ! C'est un objet de famille, v-vous comprenez, hein ? Vous- vous pouvez faire en sorte qu'il soit rendu à ma famille, au moins … ? Son regard croisa celui calmé de l'ombre qui attendait la réaction du Doc J-j'sais qu'vous pouvez.

Le concierge-loup avait été silencieux tout ce temps, s'étant rangé dans un coin et regardant en silence la scène se dérouler sous ses yeux. Le Docteur Arkimèdes était maudit (ou sacré?) par une empathie accrue lui permettant de lire et de voir les pensées les plus pures de tous les individus dans un même espace - dont les siennes. Pas étonnant qu'il se soit aussi vite lassé.

— « Thanks, your honor...
— « Je ne suis pas votre Honneur.
— « Well, I guess we've lost enough time here.
— Hm.
— « WAIT.
Le docteur, sur le pas de partir, dut se retenir de déblatérer une suite d'injures en entrouvrant ses lèvres. À la place, c'est une sorte de soupir sifflant qui en sortit, et il plissa ses paupières rigides d'une expression toute aussi fermée. Cornell enchaîna:

— M-mon couteau ! C'est un objet de famille, v-vous comprenez, hein ? Vous- vous pouvez faire en sorte qu'il soit rendu à ma famille, au moins … ?
Aucun geste de sa part, si ce n'est qu'un plissement presque imperceptible dans les narines de son nez, renvoyant dédain, mépris (et impatience).
— J-j'sais qu'vous pouvez.
Le docteur lui tourna le dos, faisant face à et entreprit de déjà gravir les escaliers menant à l'étage du commissariat.

— Pas mon problème.
Sans équivoque.

Arelan avait raison, ils avaient perdus beaucoup trop de temps ici. Mais alors qu'il montait les premières marches, il s'interrompit dans son mouvement, et on put voir au travers de son pantalon trop long le mouvement raide d'une fragile cheville se pivoter, le faisant se tourner à demi pour fusiller du regard le loup qui semblait l'accompagner.
— Kaos.

— ...C'est peut-être pas votre problème, mais je peux pas laisser ce genre de demande se perdre.
Sans équivoque, lui non plus.

Ils étaient une bonne équipe à cause de ça. Sachant pertinemment que Kaos ne lâcherait pas l'affaire, le docteur fit un las signe de la main et prit congé, retrouvant les couleurs et la lumière de l'étage au-dessus. Kaos demeura dans les ombres, s'approchant du détenu, sans toutefois ignorer la présence du Phantom un peu derrière en pivotant une oreille d'incertitude vers ce-dernier.

— Tu peux me dire où habites ta famille? Et où ils ont mis le couteau?

En le regardant dans les yeux, les siens brûlant de leur éclat ambré:
— Comptes sur moi pour leur rapporter.
Pas que le couteau, toute la situation s'il le fallait. Peut-être sa famille se sentirait mieux en sachant où il se trouvait ?

Pas mon problème.
Trois pauvres mots frigides qui lui firent douloureusement rater un battement. Sa face se décomposa, une de ses pattes appuya de son propre chef sur le barreau qu'elle tenait, comme pour le déchausser et l'enlever d'entre elle et ce salaud. Ces deux salauds même. Sa main voulait les étrangler, planter ses griffes dans leurs chaires, leur donner cette sensation d'avoir le cœur arraché et les entrailles tordues.

Le lycanthrope Kaos rattrapa le Doc avant qu'il ne parte pour de bon. Comme ivre, Cornell mit quelques secondes avant de comprendre ses propos. Il le défendait ! Il voulait l'aider ! Le Doc les abandonna et la main de Cornell relâcha enfin sa pression pour glisser misérablement le long du barreau.
Uhm. 28Th Rumple Street, on [BRBL] side. Fourth floor. dit-il d'une voix éteinte L'couteau doit être dans la salle des pièces à convictions ? Chais pas ...

Le Phantom s'était rapproché de la sortie, pressé de quitter ce lieu sordide ne lui rappelant pas que de bons souvenirs et de se remettre au travail, mais restant assez près pour écouter les deux loups.
Comptes sur moi pour leur rapporter.
Merci.
Il retint un sourire sadique. Le jeune était penaud, détruit, en ruine, anéanti. Il n'offrirait plus que peu ou pas de résistance à présent.
Holster. Arkimedes n'est pas le seul à avoir du travail en cours gronda-t-il selon son habitude. Qui plus est, au vu de la maitrise du TS -excellente jusqu'au moment où il craquait sans crier gare- le laisser baignant au milieu de ses parodies de flicaille pourrait finir en bain de sang. Oi. By the way, kid. Keep that depressive puppy look in front of the judge. It helps.

« 28Th Rumple Street, on [BRBL] side. Fourth floor. »

Kaos nota méticuleusement l'adresse dans un coin de sa tête, opinant de celle-ci d'un mouvement entendu, ses deux oreilles triangulaires se dressant bien hautes au dessus.

Très bien, alors il irait tout de suite ensuite : son collier de l'Agence ne lui nuisait pas autant qu'il lui était utile, puisque c'était un objet plus efficace encore que le badge d'un policier. Ne lui suffisait que de pencher un peu la tête pour montrer les lettres et l'insigne, et n'importe qui connaissant la réputation de l'Agence s'écartait de son chemin.

Pas la même notoriété qu'un costume veston cravate tout en noir, mais bien assez visible quand même.

— « Merci. »
La membrane muqueuse de Kaos se leva légèrement comme sur la tentative d'un sourire, et il tourna la tête, sa queue se dressant parallèle au sol lorsque le Phantom s'adressa à lui:

— « Holster. Aussitôt la bonhomie de Kaos sembla disparaître, et le regard qu'il planta dans le phantom suinta de véhémence.

— Arkimèdes n'est pas le seul à avoir du travail en cours. »
Le son d'un grondement roula derrière les crocs, dont il dévoila légèrement l'émail, en avertissement:
— « ... C'est Docteur Arkimèdes pour vous, humain.
" Ne pilez pas sur mes plates-bandes, je ne pilerai pas sur les vôtres. "

— Oi. By the way, kid. Keep that depressive puppy look in front of the judge. It helps.
— Ne l'écoute pas, tu as eu beaucoup de chance.

Il décrivit une volte sur ses pattes afin de se tourner vers la lumière des escaliers, sans toutefois oublier d'ajouter, à l'intention de Cornell:
— Un mois au pénitencier, c'est toujours mieux qu'un mois en réclusion cellulaire. Tu seras bien entouré. »

Il pila sur ses pattes en cherchant à se tourner, lui offrir un dernier coup d’œil et lui tourna le dos enfin, passant à côté d'Arelan sans un regard, montant les escaliers direction la salle des pièces à conviction. Ce n'était qu'un bête couteau décoratif, inutile de le conserver sous clé. Cornell n'avait tué personne,

lui.

Cornell regarda le duo partir avec un goût de bile dans la gorge. Il se laissa glisser sans plus de courage au sol, groggy. Il fixa un long moment le sol, les mâchoires serrées, sans penser ni ressentir quoique ce soit, vidé. La sensation d'un léger courant d'air le ramena doucement à la conscience. Il était en cellule, enfermé, mais vivant. Il cilla, déglutit, mâchonna dans le vide. Le courant d'air avait ramené une odeur fétide parmi d'autres qu'il parvint enfin à identifier : un de ses camarades de fuite -ou du moins son urine- que l'on relâcherait probablement, et bientôt. Bien plus tôt que lui, du moins. Les connexions entre ses neuronnes se refirent. Leurs cellules étaient à la diagonale l'une de l'autre, permettant la communication.

Hey ! You there ! Ouais, toi ! We were- on était ensemble dans le wagon.
Un visage rendu mauvais par la déception et l'agacement apparut.
S'tu m'veux.
Tu les as entendu ?
Un peu, ouais.
La meuf qu'ils vont perquisitionner crèche sur la plage, au [DIRECTION TRALALA]. Faut la prévenir avant qu'i-
Un flic passa, un ange de même comme Cornell se tut brusquement avant de tous les vendre. L'agent de police le regarda avec mépris et méfiance, autant à cause de son ton empressé que son silence tout aussi brutal, mais fort heureusement, il semblait entièrement anglophone.
What are you talking about.
The last basket play. Pretty rough moment for our team.
Why'd you stopped ?
Son ton suintait le racisme ''anti-monstre''.
'cause I like cops as much as you like me. persifla le lycanthrope.

Les deux mâles se défièrent un temps du regard puis Cornell se détourna, perdant ainsi le combat qu'il avait lui même engagé. Au moins le poulet lui lâchait-il enfin les pattes, repartant rengorgé comme un coq : un loup-garou juvénile avait détourné les yeux -s'était soumis !- sous la pression de son regard de braise.
Tu braques une meuf et après tu cherches à l'aider ? Soit t'es vraiment con, soit tu tourn-
Ta gueule L'autre eut une esclaffée aigre. et fais c'que j'te dis. Elle est brune aux yeux bleus- Elle est bonne ?
Préviens-la et j'suis sûr qu'elle te repaira.
Il y eut un silence tendu.
Elle a de quoi bien payer.
L'argument sembla faire hésiter le prisonnier.
Steuplait …
Allez, j'suis trop gentil, ça m'tuera. J'vais essayer d'la r'trouver, ta gonzesse, mais j'promets rien.
Merci soupira à nouveau Cornell, soulagé Merci beaucoup

Il renvoya son poids vers l'avant de son corps et claudiqua sur ses quatre longues pattes vers un autre recoin de sa cage, laissant entendre le raclement et le cliquetis de ses griffes avant de se recoucher avec un lourd soupir. Lui qui était parti pour ne plus avoir à jouer les lèches-burnes n'avait fait que cela en une heure -ou peut-être même plus. Il se dégoûtait et se sentait à nouveau vidé de toute volonté. Mais au moins avait-il fait tout ce qu'il pouvait, il ne lui restait plus qu'à attendre la sentence officielle, le déplacement, la véritable prison.
Il entendit une porte claquer au loin.