[TERMINÉ] Course contre le soleil[PV Gun]

Ils étaient partis du miroir d'Aphrodite en quête d'un immeuble à escalader. Ils allaient cependant devoir s'échauffer avant de s'attaquer à l'immeuble en tant que tel. Près de la rue commerçante pour commencer, l'asiatique se demandait par quoi commencer, puis il eut une idée: il allait le tester un peu avant de l'amener vers les hauteurs. Il tourna la tête vers son compagnon d'aventures, puis lui souffla en un sourire:

- Follow me if you can ~

Et sans attendre la réponse de l'autre, il s'en fut, prenant de l'élan pour passer par dessus une borne fontaine avant de s'élancer contre un mur pour s'y appuyer et faire une pirouette. Ìl poursuivit dans les rues, allant vers un immeuble plutôt bas d'où dépassait une échelle de secours à quelques mètres du sol. Sans ralentir sa course, il se jeta contre le mur, se hissant au mur avec ses pieds pour agripper le premier barreau de l'échelle de secours et la grimper au même rythme qu'il s'était donné. Il ne laisserait pas à l'autre le temps de penser. Le soleil se couchait et s'ils voulaient avoir une petite récompense à leur course, ils allaient devoir tenir la cadence.

En sortant dehors, il lui sembla que l'ambiance magnétique du Miroir s'était évanouie au profit de l'air frais et du paisible coucher de soleil – et ses rayons qui doraient chaque surface de sa lumière. Leur marche ne fut pas bien longue, quelques minutes à peine, le temps de remonter les escaliers en métal derrière le Miroir et de déboucher sur le boulevard menant à la rue commerçante. Gun regardait chaque immeuble qu'ils croisaient avec attention, se demandant lequel ils entameraient de grimper en premier. Mais Oren avait d'autres plans:

— « Follow me if you can ~
— !! »
Et sans même attendre une réponse de sa part, son comparse détala, prenant un élan pour enjamber une borne-fontaine avant de s'élancer contre un mur et s'en servir pour vriller. Gun trépida sur place et suivit l'exemple de son comparse, refusant de le laisser quitter son champ de vision.

Défiant la gravité dans l'allonge de ses sauts, Oren s'engagea vers les rues plus étroites, s'approcha du dos d'un immeuble d'appartements et se jeta contre la brique de son mur, se hissant d'un bond du pied pour s'étirer et attraper le premier barreau de l'échelle de secours, et la grimper tout aussi rapidement. Gun suivit de près, le métal de l'échelle grinçant sous son poids, lui rappelant le son qu'avaient fait les câbles d'un certain pont quelques journées auparavant. Si Oren avait déjà atteint la faîte du bâtiment, Gunthaer courait encore dans les escaliers de secours, l'écho de son rire se faisant entendre jusque sur le toit.

Son comparse semblait toujours le suite, il le savait grâce à son rire qui lui indiquait à peu près à quelle distance il se trouvait de lui. Le bâtiment sur lequel ils avaient grimpé était relativement petit et quelques toits plus loin, débouchait sur une ruelle piétonne qui offrait de multiples rampes et plateformes sur lesquelles Oren s'amusa à sauter, y allant de figures acrobatiques et de techniques un peu plus avancées.

Il partit plus loin, ayant l'impression de s'envoler alors qu'il se mit à grimper plus haut, toujours plus haut pour amener Gun là où il avait amené Edwin quelques temps auparavant. Sa cible était un édifice assez haut auquel on pouvait accéder de deux manières: La manière facile et la manière difficile. Il choisit la manière difficile. Celle qui lui demandait une bonne dose d'équilibre et de concentration et qui lui faisait courir le risque de se rompre le cou.

Il se hissa au rebord d'une fenêtre à la seule force de ses bras, puis sauta en se retournant pour s'agripper à une corniche sur le mur qui se trouvait derrière lui avant de sauter de nouveau en tournant son tronc pour arriver face au pan de mur qu'il visait réellement, se hissant sur un minuscule rebord avant de glisser ses bras vers le haut, de plier les genoux et de sauter, attrapant le bord du toit à la dernière seconde pour s'y hisser.

Il aurait pu prendre une voie plus facile qui lui aurait seulement demandé un seul saut et quelques manœuvres pour se hisser, mais l'appel du défi avait été plus fort.

À peine arrivé au bout des escaliers, il vit son comparse défier la gravité en se jetant dans le vide d'un bond, atterrissant sans mal sur le toit d'un immeuble voisin. Gun, lui, se freina dans son élan, stoppant de justesse son pied sur le rebord du toit, ratant de peu le contrebas de bitume de la ruelle et de ses détritus.

Abasourdi, il ne manqua pas Oren enjamber un toit, un deuxième, avant de se remettre de sa stupeur pour braver le vide à son tour, envoyant ses bras vers l'arrière et fléchissant des genoux pour se donner un élan. Il goûta l'air un instant, s'accrochant au rebord du prochain immeuble, heurtant ses genoux à sa brique et se hissa de ses bras et de ses jambes d'une poussée vers le haut. Il souffla son air, puis enjamba le chemin de son comparse - déjà rendu loin.

Oren avait passé sur deux petits blocs appartements voisins, puis, le toit d'une supérette, sans stopper sa course dans le quartier des commerces. Gun suivait, plus lentement, non seulement par manque d'habitude - Oren brillait par son expérience, lui par sa débrouillarde - mais aussi pour profiter de la lumière du soleil qui mourait, derrière la ligne urbaine du centre-ville.

Et pendant ce temps, son comparse bondissait de toits en toits, comme s'il ricochait de fenêtres en fenêtres, grimpant vers des toits toujours plus hauts. Gun ne s'en permit pas d'en faire autant, préférant plutôt grimper sur un mur d'un wall-run, cramponnant ses pieds à la brique et se détachant d'un bond pour atteindre de plus hauts sommets, s’agrippant de justesse aux barres de métal d'un garde-fou. Il se hissa au dessus, puis se mit à marcher dessus comme un funambule, sur le côté et de reculons, admirant les hauteurs et le paysage de la rue commerçante, qui baignait peu à peu dans l'ombre des plus grands bâtiments.

L'asiatique avait atteint l'immeuble qu'il cherchait et s'y était hissé en ne ménageant pas les acrobaties. Une fois en sécurité sur les hauteurs de l'immeuble, il reprit son souffle, se penchant les mains sur les genoux. S'il savait garder son rythme, il était généralement mieux équipé pour ses activités sportive qu'il ne l'était sous l'impulsion. Il aurait bien apprécié une bouteille d'eau pour se garder aller. Reprenant son souffle, il se tourna pour jeter un coup d’œil à l'horizon encore baigné de quelques rayons de lumière. Il cherchait son comparse des yeux et l'attendait le sourire aux lèvres, les cheveux ébouriffés par le vent des hauteurs et le regard plein d'adrénaline.

— « Boy, il expira, le souffle court, you are HARD to follow. I remember why I called you the grasshopper back then !»

Suivre Oren dans son parcours n'avait pas été tâche facile, aussi Gun avait renoncé à l'accompagner dans ses vrilles et son tricking.

Après avoir enjambé quelques toits, il peinait à se hisser à son niveau et une bourrasque du vent vint bafouer ses efforts en lui faisant perdre pied. Il tomba sur le rebord d'une fenêtre du bâtiment en béton qu'ils escaladaient, amortissant son saut de justesse - manquant néanmoins de basculer dans le vide, vers l'arrière.

Se remettant de son déséquilibre - ne lui vint même pas à l'esprit que les trente mètres qui le séparait du sol auraient pu être un danger - il serra ses mains en poing, et se donna un nouvel élan, tendant ses bras le plus loin possible, attrapant les barreaux du garde-fou dans un clac! sonore.

Dans un grognement d'effort, il parvint à se hisser pour de bon, pédalant des semelles sur le rebord du mur jusqu'à trouver un appui pour se pousser vers le haut, enjambant le garde-fou d'un petit soupir, mettant de l'ordre dans ses cheveux en bataille. Il laissa son regard parcourir la ligne d'horizon, au loin - et le soleil, qu'il pouvait voir un peu plus longtemps faute de l'altitude.

— « Man, spare a little daylight, huh... » il fit en poussant un soupir, s'adossant aux barres du garde-fou, sa légère veste se collant dans la sueur de son dos. Il avait chaud, mais il ne semblait pas avoir regretté l'escalade.

Son comparse eut un peu plus de difficulté que ce à quoi il s'était attendu, aussi alla-t-il à sa rencontre aussitôt qu'il le vit passer la rambarde. Il vint s'adosser au garde-fou à coté de lui, puis s'excusa:

- Sorry, maybe that was a little too much for you...How'bout we stay here for a little while?

En franche vérité, il était à peu près aussi fatigué que le blond, puisqu'il s'était donné à son meilleur lui aussi, mais la présence de celui-ci rendait la situation plus agréable. Le souffle un peu court, il leva les yeux vers la voûte céleste qui s'était teintée de violet, laissant les derniers rayons de lumière disparaître lentement pour que les étoiles viennent veiller au dessus des mortels.

Oren vint presque aussitôt à sa rencontre, allant s'adosser à côté de lui contre le garde-fou. Lui aussi semblait partager la même fatigue : ses cheveux étaient en bataille par les caprices du vent et sa respiration, toute aussi sonore que la sienne.

— « Sorry, maybe that was a little too much for you...
Gun grommela. Décidément, Mister Worrywart faisait honneur à son titre. Il feinta:
— What do you feel sorry for ? Ha hah !
— How'bout we stay here for a little while?

La proposition arracha un sourire à l'incube, qui se coula assit, en faisant glisser son dos le long des barreaux.
— Yeah, okay. »

Il replia un genou et posa le poignet dessus, étirant l'autre jambe, échappant un soupir de soulagement. Dans l'apaisement, il ne put s'empêcher de lever le nez : voir la voûte céleste perdre de sa luminosité lui fit plisser les yeux, redoutant l'arrivée de l'obscurité. Il inclina la tête vers le bas, remuant doucement les épaules.

— Well, that was short-lived. »
Il enchaîna, feignant l'air sérieux d'un télé-reporteur:
— « This just in : Century's shortest sunset. Scientists stumped by the phenomenon. »

Son comparse sembla accepter sa proposition puisqu'il se laissa glisser au sol. Soulagé de ne pas avoir à aller plus loin pour l'instant, Oren suivit l'exemple du blond. Cette course folle en avait-elle réellement valut la peine? Ils avaient réussi à fuir l'atmosphère du miroir et bien que le soleil fut rapidement engloutît par l'obscurité de la nuit, la dose d'adrénaline le laissait penser qu'il avait bien fait de bouger de la sorte. Le faux-sérieux de l'autre le fit rire et il lui donna un petit coup de coude amical, résistant de peine et de misère à l'envie de simplement laisser aller sa tête sur l'épaule de l'autre. Il demanda, taquin, mais se posant aussi sérieusement la question:

- Come on, you still had a bit of fun right?

L'adrénaline commençait déjà à redescendre et il laissa son corps glisser vers l'autre pour obtenir un contact. Il en avait marre de rester à distance et de faire ce que les conventions sociales lui dictaient. Au pire l'autre le repousserait et il n'aurait plus qu'à partir se cacher chez lui. Ils n'étaient plus dans un lieu publique.

Dans l'obscurité grandissante, des petits points de lumière se mirent à percer au travers du soir-nuit, les établissements nocturnes se tirant de leur longue journée de sommeil. Le centre ville s'éclaira de toutes parts : les rues, en bas, étaient colorées par les néons qui s'allumaient, le trottoir, par les lampadaires-solaires, et les plus hauts édifices découpèrent l'horizon de la ville, la centaine de petites fenêtre éclairant chacun un bureau.

En contrebas, le son des conversations tardives et le crachat des pots d'échappement des voitures se mêlait à un bruit blanc de fond, hauts perchés à la faîte de leur promontoire. Oren lui envoya un petit coup de coude, arrachant un gloussement incontrôlé à son comparse qui lui porta un sourire niais.

— « Come on, you still had a bit of fun right? »
La question lui fit pencher la tête, son sourire plus confus que niais. Il interrogea Oren du regard. Vraiment ? Il était sincère dans son interrogation ? Oren lui ayant démontré plus d'une fois ne pas être capable de fourberie, l'artiste dut détourner sa tête, brisant leur contact visuel pour pousser un soupir, sa main se portant machinalement aux mèches de son front. Comment répondre à cette question.

Il entoura vivement l'épaule d'Oren de son bras, le tractant vers lui, écrasant son autre paume sur sa tête pour lui ébouriffer vigoureusement les cheveux.

— What kinda question is that, ha hah ! »
Sa main qui l'ébouriffait s'arrêta au côté de son épaule, sur laquelle il tira pour créer un déséquilibre, se poussant sur le pied en tentant de faire retomber Oren contre lui. Toute cette bousculade de chaleur lui fit refermer son étreinte à l'improviste, dans le dos, en catastrophe.

— « Asking me if I had fun. Tch ! (Ses épaules et son torse se remuèrent) Of course I'm having fun ! I'm having fun right now ! ♥ »

Puis, il pencha sa tête près de son oreille:
— « Hellooo? Is there something under this spiky head ?! »

Comme exaspéré de sa question, qui ne tenait que du soucis de faire plaisir à son comparse et il l'entoura d'un bras, arrachant un sourire à l'asiatique qui le laissa faire, rigolant lorsqu'il lui ébouriffa les cheveux. Il y avait peu de différence entre les épines créées par sa petite course d'obstacles et celles ébouriffées par la main du blond. Bientôt, avant qu'il n'eut put comprendre ce qui se passait, Oren se retrouva sur Gun, incapable de contrôler son fou-rire. Il céda:

- Alright alright, I'm sorry!

Il laissa aller sa tête sur l'autre, souriant doucement, puis poursuivit:

- We did miss most of the sunlight though.

— « Alright alright, I'm sorry!
— Yeah, lui renvoya l'artiste en fronçant les sourcils sur un air dur, you better! »

Mais son visage retrouva ses couleurs avec un sourire de malice, montrant à son comparse qu'il ne lui tenait pas rigueur - ou, qu'il ne tenait pas rigueur, tout court. Assit dos au garde-fou, le dos d'Oren contre son torse une légère brise agitant le textile de son t-shirt et de sa veste d'été en automne, Gun desserra l'étreinte qu'il avait avec Oren pour laisser le poids de sa tête retomber vers l'arrière, reposant contre les barreaux du garde-fou. Son comparse l'imita, posant sa tête contre son torse, un sourire doux aux lèvres, comme il releva:

— « We did miss most of the sunlight though. »
Et à cette remarque, une lueur luit dans le fond de l'obscurité des yeux de l'incube, et le coin de ses commissures se releva sur un sourire, non pas d'apaisement, comme celui de son comparse, mais aiguisé, comme le rictus carnassier d'un prédateur en chasse.
— Yeah--

Son ton s'aggrava:
— A shame.

Et si sa prise contre Oren se resserra alors, sa respiration pris plus d'ampleur dans sa nuque, alors que lentement, il se départait de sa forme d'emprunt pour emprunter une autre, bien plus volumineuse et animale.
— Shit -- sa poigne se raffermit, et ses griffes se mirent à se resserrer contre Oren.
— AArgh!! -- Il repoussa son comparse d'un coup de patte, ayant tout le loisir de se rouler sur le dos et de se prendre la tête entre les mains, se crispant et se recroquevillant au sol, étouffant un râle- mêlé à un grondement, tandis que la transformation déchirait le stress de ses vêtements. Deux oreilles triangulaires se découpèrent dans l'obscurité, pointant sur sa large tête de loup.

La bête tourna toute son attention vers sa proie, retroussant ses babines sur ses crocs démesurés, un grondement roulant dans sa gorge:

You should run.

Son moment de détente ne dura pas bien longtemps. La remarque qu'il avait fait dans l'obscurité d'une nuit naissante fut un déclencheur. La voix de son comparse changea et les muscles de l'asiatique se tendirent, redoutant de voir ce qui causait ce brusque changement de voix. Il aurait voulut se retourner pour faire face à la situation, mais la poigne de l'autre l'en empêcha, se resserrant autour de lui sans qu'il y puisse quoi que ce soit. Son cœur s'emballa, rata un bond dans sa poitrine lorsqu'il vit les griffes. Aussitôt repoussé, il fit une roulade pour se relever sur ses pieds. Fuir, combattre. Deux options que lui laissaient sa peur. Le toit leur donnait un espace vide, suffisamment grand pour leur servir d'arène. Il ne voulait pas nécessairement faire du mal à l'autre malgré son changement de forme, mais s'il pouvait l'immobiliser, il le ferait.

Son regard, bien qu'effrayé, analysait rapidement la situation. Le corps de l'autre était désormais celui d'une bête à la tête canine. Des crocs démesurés ornaient sa gueule et son attention était toute tournée vers lui. Il était sa proie, c'était une évidence. Il ne savait pas à quel point ce qu'il avait en face de lui s'apparentait au loup dans ses instincts et manières d'agir, mais il savait que s'il fuyait, il serait définitivement vu comme une proie. Il ne pourrait que prier pour que la chose ne le rattrape pas. Non, la simple taille de l'autre lui dictait de fuir, mais c'était également ce qui rendrait sa tentative vaine. Il devait combattre. La décision fut prise en une fraction de secondes et sa posture s'assouplit. Ses genoux se plièrent légèrement, les pieds suffisamment écartés pour lui donner un certain jeu dans ses mouvements.

Ses mains étaient prêtes à se serrer au dernier moment et malgré la peur qui devait se dégager de lui, il faisait face à la créature sans que ses yeux ne trahissent autre chose que sa détermination. Il voulait survivre à l’événement et en absence de certitudes quand au contrôle réel qu'avait l'autre sur son propre corps, il ne se retiendrait pas. Se refusant à attaquer le premier cependant, il attendit, figeant son regard émeraude dans celui de l'autre.

L'imposteur leva son pied du sol avant de le secouer, faisant valdinguer son soulier percé de trous avant de passer à l'autre. Les souliers lui avaient été offerts par Oren, mais bon - il n'attachait pas vraiment de valeur à ce genre d'objets ou de vêtements. Ceci fait, il secoua la fourrure de sa grande encolure et laissa son poids retomber vers l'avant, se posant sur les coussinets de ses mains, à quatre pattes, près à détaler au moindre signe... qui ne vint pas ? Il pencha la tête, étirant le dos, repliant une oreille. Si sa proie sembla d'abord raide dans la peur et la stupeur, son dos et sa posture s'assouplirent lorsque ses pensées firent volte-face entre fuir - et se battre.

Se battre ! C'est qu'il cachait bien son jeu, son soldat ! Le loup répondit à son initiative d'un rictus aux babines, son grondement derrière ses crocs tonnant plus grave encore, remuant sa croupe dans de grands mouvements en trépidant au sol, paré à toute attaque. Il caracola sur la droite, caracola sur la gauche, comme un prédateur incertain - sa proie ne courait pas ! - avant de vivement contourner Oren d'un écart, happant l'air tout près de son visage d'u claquement de mâchoires pour provoquer une réaction, une étincelle de malice pétillant dans le fond de ses yeux.

L'autre s'attendait à le voir fuir et son choix de tenir bon et de se battre sembla le surprendre, aller à l'encontre de son envie de chasser, ce qui n'était pas plus mal. Il ne resta cependant pas dans cet état d'esprit bien longtemps, il le contourna pour happer l'air tout près de son visage. L'asiatique n'attendit pas, il bougea, se déplaçant pour à la fois s'éloigner d'un bond et tenter de pousser l'autre. Ce qu'il cherchait, c'était à le déstabiliser. Le premier contact lui servirait à connaître la force qu'il devait appliquer afin d'arriver à obtenir un résultat. La créature qu'il avait devant lui était indéniablement plus forte que lui, mais il avait encore sa ruse et son agilité à son avantage...bien que la peur tentât de le figer sur place.

La malice qu'il vit dans les yeux de la bête raffermit sa conviction qu'il devait se défendre à tout prix. Son poids était bien répartit, il allait devoir le déstabiliser d'une manière ou d'une autre. Il allait devoir faire quelque chose pour l'empêcher de le mordre. Si c'était un loup-garou, il avait intérêt à éviter les crocs...Il avait intérêt à éviter les crocs de toute manière. L'adrénaline le maintenait alerte, mais sa balade de plus tôt avait déjà sapé ses forces. Il allait devoir trouver quelque chose et vite.

Sa proie bougea soudain, n'hésitant pas une seconde à s'écarter de sa voie d'une poussée des mains. Au loup de rattraper sa foulée sur sa patte, pivotant dessus afin de faire volte-face vers son adversaire, fendant l'air d'un mouvement de la queue. Il secoua à nouveau sa large encolure, échappant quelque filet de salive ce-faisant, se pourléchant les babines et les gencives, son grondement louvoyant vers une note de curiosité.

— « RRrhhûu ? »

Oren avait peur ! Mais il l'avait touché ? La queue de l'imposteur eut un bref battement avant qu'il ne vienne se lancer au galop à nouveau, cette fois sans propulser sa tête devant, mais ses bras, grands ouverts, comme celles d'une araignée fondant sur sa proie. L'araignée happa la mouche, refermant ses bras sur elle d'une puissante étreinte, venant rouler bouler sur une courte distance avec elle.

Son effort rendit la créature plus curieuse qu'autre chose. Sa peur devait être évidente et pourtant, il se contrôlait...jusqu'à ce que l'autre se jette sur lui, toutes pattes devant. Ce n'était définitivement pas l'attitude d'un loup ça. Sous le poids de l'autre, il se retrouva bien vite au sol où il étouffa une exclamation rauque. Il alla bouler avec son adversaire, se refusant à le laisser faire tout ce qu'il voulait, cherchant à obtenir une prise pour l'étouffer. S'il n'avait été dans une situation si dangereuse, il aurait apprécié le contact de la fourrure tout près de lui. Le bord était dangereusement proche et il craignait qu'ils ne finissent leur duel en crêpe dans la rue d'à coté. Le souffle d'Oren était rauque. Il n'avait pas été capable de se désaltérer depuis un bon moment, les événements de la scène au miroir et la malencontreuse intervention de la femme inconnue l'ayant retenu. Il s'était alors rendu sur ce toit sans songer à traîner une bouteille d'eau et maintenant, la déshydratation lui faisait tourner la tête.

Il n'avait aucune chance. Il ne pourrait même pas garder sa prise et de ce qu'il en savait, sa vie en dépendait. Ses bras tremblaient et malgré toute sa volonté, se poigne faiblissait. L'adrénaline ne le tenait plus et il avait soif. Si c'était là qu'il finissait ses jours, au moins il aurait été en compagnie de quelqu'un qu'il appréciait, toute bête eut-il put être.

En roulant, le grondement de la bête se coupa, remplacé par le timbre d'un rire à gorge déployée.

Il était fou ! Complètement barge ! Qui, dans toute sa lucidité, trouvait qu'affronter à main nues un loup-garou était une bonne idée!? À moins d'être un Phantom - à moins d'être entraîné au combat, ou à moins d'avoir l'habitude, d'accord, mais Oren n'avait que le parkour et son agilité de son côté, et il trouvait quand même le courage de se mesurer à lui malgré sa peur au ventre !?

En entendant le son rauque de sa respiration, les oreilles de l'homme-loup s’aplatirent sur sa tête, et il baissa soudain les yeux vers sa proie, qui dans un élan de désespoir parvint à le renverser sur le dos. Gun serra ses dents sur une expiration forte, se préparant à riposter. Mais il sentit la poigne d'Oren s'affaiblir, et il n'avait plus l'impression de ressentir la même confiance émaner de lui - plutôt la fatigue.

— « Hey, no--
Rendant les armes un instant, Il poussa la tête de l'autre d'un coup de nez, fronçant ses sourcils.
— No don't you go limp on me, you bastard ! You were going toe-to-toe with me ! What the hell -- you can't just, just collapse on the ground after that !

Lorsqu'il réalisa que l'autre avait toute sa tête, la peur d'Oren se transforma en un mélange de colère et de soulagement. Il avait la gorge et la bouche sèches et peinait à garder le contrôle de son propre corps. Lorsque l'autre lui poussa la tête de son nez, il faillit basculer par dessus bord. Tentant de reprendre un souffle normal, il expliqua le plus clairement possible:

- T-too thirsty. No more adrenalin too.

Il agrippa ses mains à l'autre, ne songeant même pas à poser de questions pour le moment. Son corps le lâchait alors même que sa volonté n'avait de cesse de poursuivre.

Gun, désireux de se battre, désireux de se dépenser et désireux d'échanger des coups ne se rendit même pas compte qu'ils étaient arrivés sur le bord opposé du bâtiment, là où il n'y avait pas de garde-fou. Un vertige le saisit en sentant l'air se déplacer en dessous de son comparse, mais il ne réalisa pas le danger immédiatement. Il était plutôt concentré sur ses paroles:

— T-too thirsty. No more adrenalin too.
— Ha hah, what ?! Il était plutôt concentré sur les paroles - c'est à dire, sur la réalité qu'Oren était encore vivant, et non pas sur le message qu'il tentait de lui véhiculer. Au lycanthrope de pencher son énorme tête en sentant les bras de son adversaire s'agripper à lui. Il replia une oreille vers l'arrière, un peu interdit, avant de consentir à se reculer, avec sa charge, se roulant au sol en chien de fusil (en homme-loup de fusil?), plus loin du rebord et du vide.

— Mannn, talk about a letdown...!
Et l'homme-loup s'arracha de sa forme pour retrouver ses traits humains - et ses vêtements aux genoux et aux coudes déchirés, ainsi que ses pieds déchaussés.

— To think that all you need is a drink to fight a mothereffin' werewolf with your bare hands... The petname "Soldier" suits you well, in the end ♥

Le blond roula avec lui et Oren ne lui offrit aucune résistance, préférant s'éloigner du bord plutôt que de basculer sans espoir de tenir bon. Son comparse retrouva une forme humaine et l'asiatique cacha son visage contre l'autre. Là, il rigola un peu de ses commentaires, puis tenta de parler à nouveau:

- I guess you're right about the petname.

Il était frustré. Sa stupidité aurait put lui coûter la vie. S'il avait simplement prit la peine de se préparer, il aurait pu combattre plus longtemps. Le fait que l'autre ait en réalité gardé toute sa lucidité ne le fâchait pas autant que son propre manque d'attention. N'osant pas bouger, il poursuivit, reprenant peu à peu son souffle:

- You really did scare me though.

L'entendre rigoler tout bas lui apporta un léger soulagement, se disant qu'Oren n'était pas en aussi mauvais état qu'il le pensait. Ça, où sa déshydratation l'avait rendu complètement délirant.

— « I guess you're right about the petname.
— Of course I'm right ~♫ chantonna l'artiste, de bon coeur. For some reason every petname I choose turns out to be relevant... »

Mais Oren n'avait pas vraiment le cœur à rire, ou à l'écouter déblatérer, car en cachant son visage contre le torse de l'artiste, il cachait aussi la frustration qui crispait ses traits. Gun inclina sa tête, baissant les yeux vers son comparse qui n'avait toujours pas bougé, vidé de ses forces - et à la recherche de son souffle :
— « You really did scare me though.
— Ha hah ! Well, you impressed me - yet again! »

Gun se roula sur le dos, emportant son comparse avec lui dans le mouvement, l'installant au dessus de lui, croisant ensuite les bras pour les mettre derrière sa tête.

— « You've gotta tell me what went into that mind of yours, though. Why didn't you run?
En fermant à demi les paupières, sur un sourire mielleux:

— I would've given you a headstart ~

Il ne put pas se cacher bien longtemps qu'il se retrouva sur le blond. Celui-ci prétendait être impressionné par ses actions, allant jusqu'à lui demander ce qui lui était passé par la tête. La logique y était bien qu'il eut parut stupide de prime abord de choisir le combat plutôt que la fuite. Il tenta de s'expliquer le plus simplement possible, ne cherchant nullement à lui sortir tout un discours, mais plutôt à lui faire comprendre la trame de ses pensées:

- Well, most predators only want to hunt a prey when it acts like one and something that runs is automatically a prey...

Il prit un pause, fermant les yeux un instant, finissant de calmer les battements de son cœur et retrouvant une respiration presque normale avant de poursuivre:

- Besides, I'd rather fight than break my neck trying to get down from here in a hurry.

Les moyens de monter à l'immeuble avaient été divers, mais non sans difficulté et il aurait effectivement pu se tuer à simplement essayer de fuir le toit qui leur avait servi d'arène temporaire. La hauteur à laquelle ils se trouvaient était suffisante pour qu'une chute soit mortelle.

— « Well, most predators only want to hunt a prey when it acts like one and something that runs is automatically a prey...
— Bah!, de faire l'artiste et retirant une main derrière sa tête pour l'agiter dans l'air, comme pour chasser la logique de son comparse.

La plupart des prédateurs, oui, mais il se trouvait à Sweetdreams - la plupart des prédateurs ici étaient parfaitement conscients de leurs vices. Mine de rien, il aurait bien aimé pouvoir lui trouer la peau avec ses crocs, se disant qu'une vraie blessure aurait pu faire prendre conscience à cet ahuri du vrai danger courant les rues... Mais d'un autre côté, il appréciait la compagnie de "son" soldat. On pouvait dire qu'il était divertissant !

Oren clôt:
— « Besides, I'd rather fight than break my neck trying to get down from here in a hurry.
— Ha hah ! Amen ! »

Gun gonfla sa cage thoracique en inspirant poussant légèrement Oren qui y était installé, avant de la vider d'un soupir. Les traits de son visage vinrent se radoucir en levant les yeux vers son comparse, tandis qu'il amenait lentement sa main vers son épaule, remontant son cou, initiant un contact:

— You poor thing... (il effleura quelques mèches de ses cheveux) I've been dragging you along all night... (En venant tendre les doigts pour lui caresser la joue) Anything I can do to make it up to you ?...

Ses explications ne semblèrent pas tenir aux yeux de l'autre homme, mais celui-ci ne le taquina pas sur son résonnement, se contentant de soupirer. Il leva les yeux vers lui et l'asiatique fut incapable de ne pas le fixer. En sentant l'autre initier un contact, un agréable frisson lui parcourut l'échine. D'autres frissons n'étaient cependant pas aussi agréables. Il faisait froid maintenant qu'il ne bougeait plus. Le toit était solide et dur en plus et il ne devait pas être très confortable pour l'autre de se retrouver dans une telle position. Il suggéra donc:

- Wanna bail to my place? It's kind of cold out here.

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