[TERMINÉ] Qui parle de modération ?

Bon dieu, cela faisait des mois qu'Arelan ne s'était pas senti ainsi. Il était littéralement éreinté. Aller ici, secouer le Fournisseur retardataire, revenir, planer en ombre menaçante sur les archivistes, repartir, surveiller le cheptel d'Incarnations. Il avait même dû tuer l'une d'entre eux l'autre jour. Sacrée bougresse, cette chasseuse. Elle s'était avérée plus résistante que prévue et s'était défendue comme si sa vie en dépendait... c'est à dire, comme elle le devait. En tout cas, l'enterrement s'était avéré... surprenant. Arelan avait d'abord tenu à venir, comme à chaque fois qu'il accomplissait son travail mais avait tourné discrètement les talons en s'apercevant d'un détail : il était le seul à être venu. Bref.
Il se remettait assez mal de cette tigresse et aurait volontiers prit un RTT, histoire de pioncer 24h complètes. Mais non. Travail, travail, travail.

Il étouffa un bâillement et s'arrêta pour s'appuyer à un lampadaire, le temps de préparer sa vapoteuse. Il releva les yeux. Tiens, le miroir d'Aphrodite. Il eut un pincement au cœur. Quand il pensait qu'à une époque, il tenait de tels maisons... Il pressa ses gestes de préparation, souhaitant s'arracher au plus vite à ce souvenir lorsqu'il entendit quelques éclats de voix.
Un peu plus loin, un homme visiblement ivre semblait décidé à conclure avec l'une des danseuses, qui elle était clairement non-consentante. Arelan regarda la devanture. Que foutaient les gorilles du miroir ? Y en avait toujours quelques-uns pour calmer les ardeurs presque porcines des clients. Personne.
Tch. Incapables.
Après tout, ce n'était ~~plus~~ pas ses affaires. Il jeta un dernier regard au "couple" en levant la main pour allumer la cigarette électronique. Sa main resta suspendue. Il venait de reconnaître la chevelure bariolée d'un des poissons rouges sous sa garde. Maintenant, il était concerné.
Fuck.

Sa voix s'éteignit sur la dernière note de la chanson, les cris du public lui décrochant un sourire sincèrement heureux tandis qu'elle les remerciait, sa poitrine se soulevant en rythme avec sa respiration saccadée, preuve de son essoufflement. Elle était heureuse, contente d'avoir réussi son premier soir.
Crystal descendit alors de son promontoire et fila dans les vestiaires chercher ses affaires. Elle ne prit pas la peine de se changer, elle voulait à tout prix rentrer chez elle pour annoncer la nouvelle à Elvio : elle avait un métier, et celui qu'elle avait toujours rêvé, en prime.
Enfin, la sirène se fraya un chemin vers l'extérieur, recalant gentiment les ivrognes qui en voulait plus avec elle. Et encore, elle avait de la chance, ce soir elle n'était pas désignée pour assurer le strip-tease qui se déroulait un peu plus tard, les hommes bourrés étaient donc plus intéressés par le spectacle qui se déroulerait plus tard et la laisseraient donc tranquille.
Enfin ça, c'était ce qu'elle pensait, mais aussitôt dehors, un homme d'une cinquantaine d'année, bien plus baraqué qu'elle la retint vers le bras.

« Je t'attendais bébé. Viens, accompagne-moi dans la rue là-bas » Fit-il en approchant son visage à deux centimètres du sien, lui soufflant son haleine de vodka-gin dans la figure.

Il la traîna alors un peu plus loin, tandis que Crystal s'évertuait à lui dire :

« Je suis désolée mais je dois rentrer, mon service est terminé. » Et voyant qu'elle n'arrivait pas à se dégager de l'étreinte de l'homme et qu'il ne tenait pas compte de ses supplications, sa voix se fit plus pressente, plus angoissée. « A-Attendez..! Lâchez-moi, vous me faites mal ! »

Mais son ravisseur ne broncha pas, se contentant de broyer son bras en l'entraînant dans la rue en question. Après l'avoir traîné dans un renfoncement, il la plaqua contre un mur. La jeune fille se débattit, cria, avant de lui envoyer un coup de genou bien placé et de partir en courant. Mais elle n'eut pas le temps de courir bien loin. L'homme la rattrapa d'une main, l'autre sur ses parties que le genou de Crystal avait abîmées un peu plus tôt. Lui criant un « Salope ! » qui n'avait rien d'amical, il la cogna contre le mur, la bâillonnant de sa grosse main velue et s'assurant qu'elle ne pourrait plus s'enfuir en pressant son corps massif contre le sien.
Crystal céda à la panique, ne cessant cependant pas de se débattre bien qu'elle savait qu'elle gaspillait son énergie pour rien. L'ivrogne saisit sa robe au col, la déchirant comme si il ne s'agissait que d'un vulgaire mouchoir. Les larmes lui montèrent alors aux yeux et elle clôt ses paupières. Quelqu'un allait venir... quelqu'un...

Z'êtes sourd ou juste con ? La petite est pas d'accord. Laissez-la partir. déclara une voix calme alors qu'une main venait de choper l'épaule du quinquagénaire.

Quinquagénaire qui se retourna, l’œil trouble, furieux. Quand ce n'était pas la donzelle qui se rebiffait, c'était un minus déguisé en pingouin qui venait gâcher son plaisir.
Laissez-la partir.
T'es qui toi !? Tu t'prends pour qui ?!
Je suis un fournisseur, mentit Arelan. Et je me prends pour l'homme qui va vous griller votre sale cervelle de porc si vous ne la laissez pas partir. Maint-

L'alcool fait des miracles d’imbécillité. L'homme se jeta sur Arelan avant même qu'il finisse, lui décochant un premier coup de poing qui le jeta à terre avant de l'insulter. Arelan accusa le coup mais se redressa immédiatement, prêt à parer le coup qui suivit. Il esquiva le poing qui passait, saisit la manche, tira, frappa la jugulaire, renvoya un deuxième coup à l'entrejambe de l'ivrogne et refit le mouvement immédiatement pour le frapper à la tête lorsqu'il s'affaissa. L'adversaire tacla Arelan de toute sa force, Arelan fit un petit saut sur le côté, le jeta à terre et lui flanqua un coup de pied dans les côtes. Il dégaina le Hardballer et le braqua sur la tête que le gars protégeait à deux mains, en position fœtale. Cette fois, Arelan était sur les nerfs. Sa voix se fit hargneuse.

I said : go. If you still wanting to have some fun, go back to Aphrodite's Miror, they are some whores for those "needs". Otherwise, go back to your hotel's room and sleep it off, you fucker. Or I'll get truly mad.

L'ivrogne, que tant d'agitation avait un peu dégrisé, se releva avec une maladresse précipitée et partit ruminer, accompagné d'un dernier coup de pied dans les reins. Cette fois, il avait comprit, visiblement. Il y avait beau dire, la violence était la meilleure forme de diplomatie ; les gens semblaient de suite plus sages après quelques coups. Le Phantom toussota puis se retourna sur Crystal. Son visage, dont la mâchoire commençait à bleuir alors qu'un peu de sang s'était montré à la commissure de la lèvre, redevenait neutre.
You're okay ?

« Z'êtes sourd ou juste con ? La petite est pas d'accord. Laissez-la partir. »

Que sa prière silencieuse ait été ou non entendue, quelqu'un vint à son secours. Et ce n'était pas n'importe qui... Crystal ouvrit ses paupières et reconnu sans mal -grâce à ses cicatrices inoubliables- Arelan, l'homme qu'Elvio lui avait maintes et maintes fois décrit comme étant peu fréquentable.
En tout cas, si la sirène en était soulagée, sa venue ne semblait pas plaire à tout le monde : l'ivrogne, resserrant son étreinte autour du bras de la jeune fille -ce qui lui décrocha une grimace de douleur- se retourna vers Arelan, apparemment mécontent de se voir ainsi stoppé dans son élan.

« T'es qui toi !? Tu t'prends pour qui ?! »

Arelan n'eut pas le temps de lui répondre. Il commença une phrase, qui se solda par un coup de poing bien placé dans la mâchoire. Crystal étouffa un petit cri, plaçant ses mains contre sa bouche, tandis qu'elle se laissait glisser contre le mur sale, ses jambes refusant de la porter plus longtemps.
La bagarre ne dura pas bien longtemps. Arelan prit -sans mal sembla-t-il- le dessus, envoyant son adversaire au tapis. Mais apparemment, le Phantom ne voulait pas en rester là, il dégaina son arme et la pointa droit vers la cervelle de l'agresseur à présent roulé en boule au sol. Crystal retint son souffle. L'ivrogne avait dépassé les bornes, mais pas au point de se faire abattre devant ses yeux. Arelan allait-il vraiment... tirer.. ?

« I said : go. If you still wanting to have some fun, go back to Aphrodite's Miror, they are some whores for those "needs". Otherwise, go back to your hotel's room and sleep it off, you fucker. Or I'll get truly mad. » Cracha son sauveur, agressif.

Et il n'en fallut pas plus à l'ivrogne pour le faire déguerpir aussi vite qu'il était arrivé. Crystal le suivit du regard jusqu'à relever les yeux vers Arelan quand celui-ci s'enquit :

« You're okay ? »

Elle hocha la tête, encore tremblante du choc. Fort heureusement, il y avait eu plus de peur que de mal. À part quelques contusions, une sacrée migraine du à son choc contre le mur, elle s'en sortait bien. C'était seulement son bras qui lui faisait un mal de chien, et qui, gonflant, prenait une couleur bleuâtre. Elle aurait sûrement un joli hématome...

« M-Merci... » Peina à articuler la jeune fille entre deux sanglots.

Le mot fut presque inaudible, les sons ayant du mal à s'extirper de sa gorge, où une boule était venue se former. Sa voix était cassée, mal assurée.
Crystal baissa alors la tête, observant dans quel état elle était. Elle essaya d'arranger sa robe dont les lambeaux laissaient voir son soutient gorge blanc à dentelle, en vain.

Crystal sanglotait à demi, en état de choc. Arelan s'aperçut qu'il avait encore son arme à la main; il rengaina avant de s'accroupir devant elle, assis sur ses talons. Il attrapa avec délicatesse le bras qui bleuissait à son tour. Il tourna son propre poignet pour bien observer l'hématome en formation, souhaitant cependant ne pas la faire trop souffrir. Il n'avait pas envie qu'après ça, elle aille dire à un supérieur qu'en plus de frapper et de menacer d'une arme les touristes, il violentait une précieuse Incarnation.
M-Merci...
Il releva les yeux vers son visage. Il ne songea pas à lui "rendre" en quelque sorte le remerciement, comme il était d'usage. Inutile de gaspiller sa salive.
Quand tu seras chez toi, applique une pommade à l'arnica sur la plaie, c'est excellent sur les hématomes. Au pire, tente un cataplasme à l'huile et au persil. fit-il d'un ton un peu sec mais expert. Il eut quand même un petit sourire et son ton se fit plus espiègle. T'auras certainement l'impression de te cuisiner, mais crois-moi, c'est efficace.

Physiquement parlant, elle était certainement en état de marcher mais psychologiquement ... Arelan lui accorda un répit. Il n'était plus à ça près. Il crapahuta, certainement ridicule, pour s'installer par terre, dos au mur, à côté de la jeune sirène. Assez près pour être un soutient, assez loin pour qu'elle ne soit pas inquiète, surtout dans son état aussi bien vestimentaire qu'autre. Et puis il ne s'appelait pas Elvio, lui. Se coller aux gens, c'était pas franchement son truc.
Il put enfin tirer sa cigarette de sa poche et l'allumer. En attendant qu'elle soit complètement opérationnelle, il tapa la causette, le regard en l'air.
... Soo... On a connu plus calme, pour débuter un job. J'espère que ça ne te refroidira pas. Sa main gauche passa dans ses mèches, les soulevant avant qu'elles ne retombent devant son visage. Après tout, ce n'est que le métier qui rentre.
Il leva distraitement sa main droite, posée sur son genou, pour surveiller les volutes blanches à travers le plastique. Il avait vraiment envie de sa dose de nicotine.

Arelan rangea son arme, avant de s'accroupir vers Crystal pour examiner son bras, la mine sérieuse.
Lorsqu'elle le remercia, il daigna enfin relever les yeux vers elle, lui indiquant le traitement à appliquer pour que l'hématome guérisse. De l'huile et du persil ? Elle se demandait si il se moquait d'elle ou si c'était sincère. Mais la phrase qui suivit leva ses doutes :

« T'auras certainement l'impression de te cuisiner, mais crois-moi, c'est efficace. » Lui lâcha-t-il d'une voix amusée.

Elle lui sourit, mi-riante, mi-sanglotante, encore trop choquée pour éclater de son rire cristallin, comme à son habitude.
L'homme vint finalement s'asseoir à ses côtés, à une distance respectable pour ne pas briser son intimité. Crystal se surprit à penser qu'Elvio avait peut-être tiré des conclusions un peu hâtives sur Arelan. Après tout, un homme qui venait de lui sauver la vie et qui n'avait pas l'air d'en tirer parti pouvait-il être aussi peu fréquentable qu'on le disait ? Elle avait du mal à l'imaginer.

« ... Soo... On a connu plus calme, pour débuter un job. J'espère que ça ne te refroidira pas. Après tout, ce n'est que le métier qui rentre. » Lui lâcha-t-il finalement, sa cigarette électronique entre ses doigts.

Crystal le regarda faire, affichant un sourire triste à l'entente de sa remarque. Elle secoua la tête, signe de négation, lui répondant de sa voix toujours chevrotante, mais qui reprenait peu à peu de son assurance :

« Non, c'est quelque chose qui me plaît, alors je n'abandonnerais pas » Elle marqua une courte pause mais se rendit bien vite compte que sa phrase pouvait être mal interprétée. « Enfin, je veux dire... c'est chanter et danser qui me plaît, pas... ça » Rectifia-t-elle en désignant l'incident.

La sirène coula un regard dans la direction d'Arelan et l'observa quelques instants. Puis déchirant un petit bout de la doublure de sa robe -elle était irrattrapable de toute façon-, elle s'approcha de l'homme, à genoux, pour lui saisir délicatement la mâchoire sans vouloir lui faire mal, puis tapota la commissure de ses lèvres pour éponger le sang qui pointait à cet endroit là.

Arelan faisait mine de ne pas s'intéresser le moins du monde à Crystal mais intérieurement, il restait à l'écoute. Les épreuves rapprochent les gens. Il devait se surveiller, si jamais il avait à la secouer ou à s'en servir comme point de pression contre Elvio plus tard. Les sentiments n'avaient pas de place dans un être comme lui. Se rappeler ce qui s'était passer la dernière fois qu'il s'était attaché à quelque chose. Néanmoins, il regarda la jeune femme du coin de l'oeil lorsqu'elle parla.
Non, c'est quelque chose qui me plaît, alors je n'abandonnerais pas.
Bien.

Il y eut une sorte de blanc, un malaise de la part de Crystal. Elle crut bon de préciser son propos, ce qui fit froncer le nez à Arelan, amusé. A sa réaction, on se doutait bien qu'elle n'avait pas signé pour ce genre de service. Pas sa réaction face à l’événement, quoiqu'Arelan avait vu de jeunes prostituée, plus jeunes que Crystal, "recevoir" leurs premiers clients avec beaucoup de décontraction, là où d'autres réagissaient comme Crystal, mais plutôt le fait de s'être débattue avec tant de conviction.

Il se demanda s'il devait la conseiller à ce sujet ou si s'était trop s'avancer; après tout, personne à Sweetdreams ne devait savoir complètement dans quelles ignominies avait trempé Arelan. Il baissait ainsi sa garde, ce dont Crytal sembla profiter. Il eut un mouvement au bruit de déchirement, fronça les sourcils puis se déroba avec un ferme "Arrête." lorsqu'elle voulut le soigner. Il se décala brusquement et se releva avec un certain agacement qu'il dissimula.
Et si je te raccompagnais chez toi, hm ? Cee n'est pas en restant ici et dans cette tenue que tu vas te soigner.

« Arrête. »

Le mot lui fit l'effet d'une douche froide, tandis qu'elle arrêtait son geste, le bras toujours suspendu en l'air. Arelan s'écarta brusquement d'elle avant de se relever.

« Et si je te raccompagnais chez toi, hm ? C'est pas en restant dans cette tenue et ici que tu pourras te soigner. » Proposa-t-il, visiblement agacé de la présence de la jeune fille.

Le bras de Crystal retomba mollement. Ses doigts desserrèrent leur étreinte autour du bout de tissu déchiré un peu plus tôt qui vint s'échouer sur le sol, tandis que la sirène reprenait place, dos contre le mur en fuyant le regard de son sauveur.
Elle ramena ses genoux contre elle, jusqu'à ce que ses chaussures à talons ne lui permettent plus, pour passer ses bras autour et poser sa tête dessus. Elle frissonna, la nuit commençait à ce rafraîchir.
Crystal ne se pressa pas pour répondre. Une nouvelle boule s'étant formé au fond de sa gorge. Ce n'est que lorsqu'elle reprit un semblant d'assurance, qu'elle redressa la tête pour planter ses yeux dans ceux d'Arelan, lui décrétant d'une voix ferme :

« Non. » Elle renifla « Pas maintenant. Moi, je reste ici »

Elle ne voulait pas rentrer, pas maintenant... Elvio était encore au boulot et... elle ne se sentait pas de faire face à cette grande et sombre maison, seule.
Bien que l'attitude d'Arelan la laissait pantoise et vexée, et qu'elle commençait à se demander si Elvio n'avait pas raison à son sujet, elle souhaitait qu'il reste. Pas tellement par envie, mais par peur d'être seule, encore une fois. Néanmoins, elle était trop fière pour le lui dire. C'est donc une question qui lui brûlait les lèvres qui s'échappa :

« Pourquoi tu m'as sauvé ? Au final, j'aurais pu me faire violer que t'en aurais rien eu à faire, je me trompe ? »

Ça y est. Et voilà qu'elle semblait à nouveau à deux doigts de pleurer. Arelan ne perdit pas patience et attendit que Crystal se décide à la rouvrir. Elle leva la tête et planta à nouveau son regard dans celui du Phantom.
Non. *sniff* Pas maintenant. Je reste ici.
L'homme fronça le nez, regarda autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose puis soupira.

Soit.

Il resterait encore un peu avec elle. Il baissa la tête, grattouillant le bitume du bout du pied, soudainement passionné par un gravillon.
Pourquoi tu m'as sauvé ?
Il s'arrêta de grattouiller. Les pupilles se dardèrent sur elle, alertes mais sans animosité. Il cilla une ou deux fois. C'était une très bonne question.
Au final, j'aurais pu me faire violer que t'en aurais rien eu à faire, je me trompe ?
Tu préfère la réponse franche ou celle qui t'évitera de chialer pour de bon ? répondit-il posément.
Vaincu, il se rassit avec un brin de prudence, et à plus de distance de Crystal cette fois. Vu le choc qu'elle venait de recevoir, sa franchise pourrait lui valoir de se faire crever les yeux. Or il avait encore besoin d'eux.

En effet, dans d'autres circonstances, j'aurai largué l'affaire. Ce genre d'établissement est censé avoir un service de sécurité pour éviter ce genre d'erreur ; si le travail est mal fait et que cela doit mener à un viol, ce n'est pas mon problème.
Tiens, sa cigarette était enfin prête. Il la déboucha et prit une longue bouffée de vapeur, attendant l'effet de la nicotine. Il la souffla en silence avant de reprendre.
Dans ce cas, pourquoi est ce que je suis venu risquer mes chiques ? ... T'en pense quoi gamine ? T'dois bien avoir ta p'tite idée.

« Tu préfère la réponse franche ou celle qui t'évitera de chialer pour de bon ? »

Crystal le lorgna d'un regard noir. Non mais sérieusement, pour qui il se prenait ? Mais elle jugea bon de ne pas relever la remarque, et elle se remit bien vite à la contemplation de ses genoux.

« En effet, dans d'autres circonstances, j'aurai largué l'affaire. Ce genre d'établissement est censé avoir un service de sécurité pour éviter ce genre d'erreur ; si le travail est mal fait et que cela doit mener à un viol, ce n'est pas mon problème. Dans ce cas, pourquoi est ce que je suis venu risquer mes chiques ? ... T'en pense quoi gamine ? T'dois bien avoir ta p'tite idée. »

L'intéressée prit encore une fois son temps pour répondre. Le temps de retirer ses chaussures à talons hauts afin de pouvoir ramener ses genoux contre sa poitrine, tentant de se réchauffer comme elle le pouvait.

« Pas par compassion en tout cas. » Lâcha-t-elle finalement, le ton neutre. « Si je t'ai posé la question, c'est que j'en sait rien. »

Elle se leva alors, pieds nus, laissant ses chaussures choir sur le sol. Elle s'éloigna de quelques mètres, la démarche maladroite, pour aller s'appuyer contre le mur.
Enfin, sans redresser les yeux, elle constata, sans aucune animosité :

« T'as du beaucoup souffrir pour être comme ça. »

Arelan regarda Crystal alors qu'elle prenait son temps pour répondre. Arelan s'en agaçait un peu mais en même temps appréciait qu'elle pesa ses mots, signe d'un minimum d'intelligence. Elle semblait partagée entre le dégoût et la colère contre lui. Le froid aussi, et ce pitoyable besoin de réconfort vu comment elle se recroquevilla. Il prit une nouvelle bouffée de fumée, alors que le bout de la vapoteuse s'était légèrement souillée de sang.

Pas par compassion en tout cas, lâcha-t-elle finalement, le ton neutre. Si je t'ai posé la question, c'est que j'en sait rien.
Tu en sais quelque chose puisque tu sais que ce n'est pas par compassion.

Il se crispa et la regarda de travers lorsqu'elle se relevait. Il était petit et certes habitué à être un peu dominé en terme de hauteur, ce qui ne signifiait pas qu'il aimait se sentir largement plus petit, plus vulnérable que quiconque. Il la suivit des yeux, respirant la fumée. Il connaissait sa démarche chaloupée mais une démarche si titubante l'inquiétait. Pas de blague, hein, fallait pas qu'elle soit si blessée que ça. Il se rassura en se disant que, déjà, elle n'avait pas été violée et que, malgré son hématome, elle ne semblait pas beaucoup plus blessée que cela. Après ... il n'avait pas vraiment poussé l’auscultation...

T'as du beaucoup souffrir pour être comme ça.

Malgré toute sa maîtrise, Arelan s'étouffa de surprise. Il suffoqua quelques courtes secondes, avec une respiration sifflante, bruyante, presque sanglotante alors qu'il s'agitait par spasmes. Il toussait, mêla fumée et gouttelettes rouges. Sa respiration revint à la normale, il resta quelques autres secondes à apprécier seulement le fait de respirer librement. Et à se calmer des souvenirs qui étaient brusquement remontés. Arelan eut une sorte de frisson.

Des silhouettes, petites et mal vêtues, lui jeté à terre, roué de coups, laissé pour mort, dépouillé, souillé. Les os brisés, le corps bleui sous tous les angles. D'autres silhouettes plus longues, des yeux rougis, fous, d'autres coups. Les "amis" disparaissant, la méfiance, la nourriture jetée, les terrifiantes balles perdues.
Puis encore d'autres silhouettes, plus rectangulaires. L'attache, les coups, la discipline. Des coups moins fréquent, moins violent cependant. Mais d'autres violences. Les coups de couteaux ennemis, les trahisons, les meurtres, les supplices, ne jamais s'attacher, toujours rester tapi, prêt à frapper.

Le Phantom revient à lui, secouant légèrement la tête, clignant des yeux. Il regarda Crystal et redevint inexpressif à faire peur. Il se leva, s'épousseta et enleva son veston malgré la fraîcheur de l'air et le froid qui l'avait pris. Il s'approcha en fouillant soigneusement les poches et laissa tomber, d'un air presque défiant, le veston sur les épaules féminines. Il toussota une dernière fois, reprit sa clope au bec et s'éloigna s'appuyer l'épaule au mur, le regard tantôt sur sa protégée, tantôt sur le bâtiment, à l'affût de tout, les muscles crispés.

Il avait honte. Honte de sa faiblesse, honte de sa réaction, honte d'être vivant, honte de ne pas savoir quoi dire d'autre à cette saleté de sirène, honte de lui en vouloir à elle. Honte.

[Pavé =B]

C'est une quinte de toux qui la força à tourner brusquement la tête vers Arelan, inquiète. Elle ne courut pas vers lui, se décollant juste du mur pour réagir plus vite si il y avait une urgence. Elle avait apparemment franchi la limite de son intimité tout à l'heure et ne souhaitait pas renouveler l'expérience, désagréable pour tout les deux. Cependant, si la situation dégénérait, elle lui viendrait en aide, pour sûr, mais la toux d'Arelan se calma bien vite, au grand soulagement de la jeune fille qui se détendit un peu.
L'homme sembla alors avoir un moment d'absence, durant lequel Crystal ne parla pas, le laissant seul avec sa conscience. Enfin il sembla émerger. Le regard vide, il se leva pour venir placer son veston préalablement retiré, sur les épaules de la jeune fille, laquelle ne broncha pas pendant tout la durée de l'action, se contentant de regarder Arelan d'un regard ne trahissant aucune haine. Puis il s'éloigna de nouveau, comme si de rien était.

De son bras valide, Crystal vint fermer la veste en l'empoignant au niveau du poitrail. Elle se rappuya contre le mur, laissant le jeune homme reprendre ses esprits, si il en avait besoin. Puis elle se risqua finalement à parler, d'une voix douce, sans pour autant laisser paraître qu'elle avait pitié pour lui. Même si ça avait était le cas, un tel sentiment blesserait sans doute l'ego du jeune homme, ce qui le refroidirait sur place.

« Merci. » Jugea-t-elle bon de commencer avant de s'accorder une nouvelle pose. « J'ignore ce que tu as vécu mais je me doute que ce n'était pas joyeux. » Elle s'assit. « Je ne te demande pas de t'ouvrir à moi Arelan, mais je veux juste te donner un conseil : cesse de croire que le monde entier te veux du mal. Rester sur un malheur passé, c'est le meilleur moyen de s'en attirer un autre. »

Peut-être qu'elle allait trop loin, surtout qu'Arelan ne souhaitait sûrement son aide. Pourtant, elle voulait lui offrir un soutien, qu'il l'accepte ou non. Car selon elle, tant de malheur n'a pas sa place dans un seul homme.

Des simples soupirs répondirent à la jeune fille. Tantôt amusés, tantôt fatigués. Cependant, il l'écoutait, une œil au dessus de son épaule. Œil qui la suivit lorsqu'elle s'assit. Assis, debout, assis, debout. Il avait l'impression que leur conversation se réduisait à des flexions des jambes. Il resta donc appuyé contre son mur, faisant le guet en se les pelant un poil.

Il réagit seulement en voyant un autre gorille, lui aussi bien habillé s'approcher. Arelan fit mine de ne pas réagir mais se prépara à tout. Puis la tension retomba un peu, laissant la place à l'énervement. Un videur. "Enfin".

Excusez-moi M-
Ah vous v'là vous ! commença vivement Arelan, se retenant d'insulter copieusement, voir de frapper l'incapable face à lui.
Monsieur...
Heureusement qu'on vous attend pas ! Sinon la gosse, là, se serait d'jà fait défleurir !
Des mots plus fleuris lui brûlaient les lèvres
Calmez-vous Monsieur.
Arelan se massa le front puis les phalanges en déglutissant.
Qu'est ce qui se passe ici ?
I's'passe qu'd'fils d'pute dans ton genre sont payés pour protéger les gamines et q'z'êtes pas foutu d'vous bouger l'cul, v'la c'qui s'passe ! Oh R'don ! 'veux p'tet la version d'la gosse qu'a failli s'faire violer à cause d'toi, hein ? Ouais, t'préfère lui causer à elle...
Arelan se retourna vers Crystal.
Ben, vas-y gamine, cause !

Il respira et avala une grande bouffée de fumée, rageur que son masque impassible se soit fracassé comme ça. Et sachant d'avance qu'il allait se faire appeler Arthur le lendemain. Et ce gorille à côté qui, lui, restait désespérément calme en se rapprochant de la sirène.

Pas très loquace, l'autre ne lui répondait que par des soupirs. Est-ce qu'elle avait touché dans le mille ou alors était-il amusé parce qu'elle se trouvait totalement à côté de la plaque ? Si ses paroles l'avaient touché, tant mieux. Sinon, tant pis...
Bientôt, un troisième personnage fit son entrée sur scène. Les yeux dans le vague, la jeune fille ne l'entendit pas approcher, mais c'est lorsqu'il se mit à parler et qu'Arelan l'accosta de manière assez agressive que l'attention de la jeune fille se dirigea vers les deux hommes. Elle reconnu sans mal le second : Borris, le videur chargé de sa protection mais à qui elle avait soutenu avant de sortir qu'elle n'avait pas besoin de ses services ce soir. Erreur de sa part, Boris n'avait pas à payer pour une négligence qu'elle avait faite.
Elle mit un moment avant de réagir, un peu dépassée par les événements, tandis qu'à côté, Arelan peinait visiblement à garder son calme.

« - Heureusement qu'on vous attend pas ! Sinon la gosse, là, se serait d'jà fait défleurir ! »
- Calmez-vous Monsieur. Qu'est ce qui se passe ici ?
- I's'passe qu'd'fils d'pute dans ton genre sont payés pour protéger les gamines et q'z'êtes pas foutu d'vous bouger l'cul, v'la c'qui s'passe ! Oh R'don ! 'veux p'tet la version d'la gosse qu'a failli s'faire violer à cause d'toi, hein ? Ouais, t'préfère lui causer à elle... Ben, vas-y gamine, cause ! »

Clôtura Arelan, lui laissant la parole. La jeune fille se releva puis franchit les quelques pas qui la séparaient du videur. Ses mots s'adressèrent à lui, tandis qu'elle lui posait une main sur l'épaule.

« Ça va aller Boris. Je n'aurais pas du me priver de tes services ce soir mais... Arelan est arrivé à temps. » Lui assura-t-elle, sincère, tandis qu'elle vint lorgner son sauveur du coin de l'oeil avant de reporter son attention vers son interlocuteur. « Je suis désolée si tu t’aies fait du souci mais tu peux partir. Préviens juste la patronne que je prends quelques jours. »

Apparemment pas convaincu de son explication et de l'honnêteté de celui qui lui était venu en aide, le videur tenta de protester mais Crystal le stoppa d'un sourire qui se voulait rassurant :

« C'est okay, Boris. J'appellerais demain, tu peux y aller. »

Il hésita un dernier instant puis s'éloigna non sans avoir lancé un regard méfiant à Arelan.
Crystal s'avança vers le jeune homme restant mais s'arrêta à bonne distance : elle avait compris la leçon. Elle le regarda un moment avant de lui demander :

« Ça va ? » Puis se justifia : « C'est pas de sa faute si il était pas là au moment du drame. J-Je... Je pensais pas que j'aurais besoin de ses services donc j'ai insisté pour rentrer seule... »

Elle baissa la tête comme une enfant réprimandée, sa cascade de cheveux lui tombant sur les yeux.

Arelan ne les regarda pas tout le temps de la discussion, réagissant comme s'ils n'avaient jamais été là. La réalité était plutôt qu'il ressemblait à un gamin boudeur, la mâchoire crispée, le regard dur (enfin, plus que d'habitude), prenant une bouffée de nicotine en attendant de retrouver son calme. Puis lorsque le videur, un certain Boris, repartit, les regards se croisèrent, électriques. Arelan le suivit des yeux, le fusillant ainsi. Il sentit Crystal se rapprocher, timide. Il y eut un moment de pause. La tension restait palpable. Arelan s'étira, recherchant à dénouer les muscles.

Ça va ?
Oui, ça allait, à part qu'il n'aurait pas dû autant s'emporter. Il ne fit que cligner des yeux. Il n'était pas habitué à ce que l'on s'inquiète de lui en tant qu'individu. Non pas en tant que molosse, qu'arme, que part des intérêts.

C'est pas de sa faute si il était pas là au moment du drame. J-Je... Je pensais pas que j'aurais besoin de ses services donc j'ai insisté pour rentrer seule...
Cette fois, il la regarda. Il garda un silence lourd de reproches. Que dire ? Que l'important était qu'elle allait bien ? Que Boris, ou un de ses collègues, aurait dû réagir plus tôt ? Qu'elle aurait dû songer qu'une jeune fille de son genre était déjà attirante en temps normal, mais qu'en plus elle travaillait au milieu de porcs qui s'ennuyaient avec leur femme, qui risquait, aidés par l'alcool, d'assouvir leurs envies ? Rien qui ne mérite de gaspiller sa salive. Cependant, une chose lui fit ouvrir la bouche. Sa voix avait reprit un ton nonchalant.
Tu devrai songer à prendre des cours d'auto-défense. Si j'aimais ceci devait arriver à nouveau. Comme tu viens de le voir, les systèmes de surveillance sont loin d'être fiables et ne compte pas sur les autres pour t'aider. Aujourd'hui était une exception. Les gens préféreront détourner le regard et presser le pas plutôt que de faire seulement mine de t'avoir entendu crier.
Encore une fois, il parlait d'expérience. Cette facette des humains avait du bon, lorsque l'on est du côté de l'agresseur. De l'autre côté... Arelan bailla, sentant la tension dans sa mâchoire endolorie se réduire.
Apte à rentrer cette fois ?

Un silence gênant s'installa entre les deux personnages. Crystal glissa un regard vers la direction d'où Boris était partit un peu plus tôt. Il avait maintenant disparu, sans doute retourné dans les tréfonds du Miroir d'Aphrodite, ou bien il avait fini son service.
Mal à l'aise par ce silence troublant et par le regard réprobateur d'Arelan, la jeune fille frottait sa pointe de pied contre le bitume, faisant crisser les graviers, jusqu'à se que l'autre se décide à parler :

« Tu devrai songer à prendre des cours d'auto-défense. Si j'aimais ceci devait arriver à nouveau. Comme tu viens de le voir, les systèmes de surveillance sont loin d'être fiables et ne compte pas sur les autres pour t'aider. Aujourd'hui était une exception. Les gens préféreront détourner le regard et presser le pas plutôt que de faire seulement mine de t'avoir entendu crier. »

Elle ne répondit tout simplement pas, continuant à fixer ses orteils, consciente de passer pour une gamine puérile, pleurnicharde et incapable de se défendre. Mais au final, n'était-ce pas ce qu'elle était ? Arelan ne lui laissa pas le temps de s'apitoyer sur son sort, de nouveau, il lui demanda :

« Apte à rentrer cette fois ? »

Elle hocha la tête, la fatigue commençant à se faire sentir dans ses yeux qui la picotaient. Les larmes n'avaient rien arrangé.
La jeune fille se redressa alors, baillant à son tour.

« Allons-y. »

Allons-y.

Le Phantom se redressa d'un coup d'épaule, poussa très légèrement Crystal entre les omoplates et se mit en marche, au rythme de la jeune. Le gravier crissa un peu au début puis sa marche redevint aussi silencieuse qu'à son habitude, se servant des bruits alentour et du pas de la jeune fille pour camoufler le son. Il choisit de prendre un chemin qui rendrait certes leur marche plus longue mais plus tranquille, leur évitant de passer par certaines ruelles pour atteindre Golden District. Tant que la gosse serait là, et apte à témoigner, il préférait se maintenir à une rixe par soir.

Ses yeux continuaient de sautiller partout, il tournait la tête de temps à autre et il était toute oreille. Une vie de terreur ne s'oubliait pas facilement. Au moins, cette "hypervigilance" avait certains avantages. Ne pas se laisser surprendre et sauver des gamines des méchants violeurs, entres autres. Il se mit à espérer que cela jouerait en sa faveur lorsque l'info remonterai au Patron.

Ils se mirent alors à marcher tout les deux. La jeune fille qui serrait toujours la veste d'Arelan sur ses épaules avait préalablement rechaussé ses talons hauts - il ne manquait plus qu'elle se fiche un morceau de verre dans le pied ! - et était maintenant presque à la taille de son compagnon. Ce dernier avait placé sa main en haut de son dos pour la pousser gentiment vers la sortie de la ruelle, puis l'entraîna à travers Sweetdreams.
Si il était attentif aux moindre sons et mouvements alentours pour leur sécurité, c'était tout le contraire pour Crystal. Elle était plongée dans ses pensées, songeant de nouveau aux événements de cette soirée mais pas que : elle se demandait ce que dirait Elvio, quand elle serait apte à reprendre son travail mais elle re-pensa aussi aux paroles d'Arelan un peu plutôt. Des cours d'auto-défense ? Oui mais même si elle en prenait, serait-elle capable de les appliquer au moment voulu ? En aurait-elle le cran ?
En tout cas, une idée germa dans son esprit et lentement, elle releva la tête pour regarder l'homme qui cheminait à ses côtés, du coin de l’œil.

« Arelan ? » Elle demanda, en prévision d'une autre question.

Le silence s'était installé entre eux et cela convenait assez au Phantom. Tant qu'elle ne se mettait pas à déblatérer sur lui et son comportement. Lui aussi réfléchissait. Il réfléchissait rapidement à la suite de la soirée : il larguerai Crystal devant peu avant d'arriver, hors de questions qu'il ne s'approche trop de la maison (et d'Elvio). Ensuite, il rentrerait chez lui où il pourrait enfin s'occuper de ses coups. Ce serait un de ses soirs où il serait certainement "content" qu'un félidé squatte chez lui.

Non, là où il se posait plus de questions était sur l'anticipation des problèmes qu'allait lui apporter cette soirée. La réaction avait été presque instinctive (il devait protéger ce qu'on lui avait donné à garder) et clairement irréfléchie. Il s'était battu et deux hommes l'avaient repéré : le quinquagénaire et "Boris" le videur. Ils se souviendraient certainement de lui. Ils avaient tout les deux vu son visage Arelan n'avait plus qu'à croiser les doigts qu'aucun d'entre eux ne mouche, l'un par honte de devoir admettre une tentative de viol et l'autre pour ne pas faire remarquer qu'une jeune fille aurait pu se faire violer presque par sa faute. Sinon... Arelan n'avait qu'à abattre ces cartes pour tenter de décrédibiliser les deux autres et de se sauver les miches. Le Phantom espérait aussi que le gars qu'il avait agressé n'était ni un riche et qu'il n'avait aucune influence notable. Sinon, il était mal.

Crystal le tira de ses pensées en l’appelant, timide. Question en approche. Le Phantom tourna un peu le visage vers elle, sans cesser complètement de surveiller les alentours. Il émit un grommellement interrogatif pour montrer à la jeune sirène qu'elle avait un minimum de son attention.

Qui parle de modération ?

feat Arelan MacDuncan

Ils continuèrent leur marche, cheminant côte à côte sans vraiment se coller. La nuit était calme, seul le "clac" des talons de Crystal contre le bitume résonnait dans les rues.
Enfin, ce fut un grommellement qui vint répondre à son appel un peu plus tôt, tandis qu'Arelan glissait un regard vers elle, l'incitant à poursuivre.

« Tu m'apprendrais ? » Elle demanda avant de donner des précisions sur sa question : « Tu m'apprendrais à me défendre ? »

Elle tordit sa bouche sur le côté en attendant sa réponse, le suppliant du regard.

Tu m'apprendrais ? Tu m'apprendrais à me défendre ?

Ce fut à son tour de prendre tout son temps pour lui répondre. Lui ... apprendre ? Qu'en penserait le Patron ? N'était-ce pas un risque de se rapprocher d'elle ? Une chance de se rapprocher d'elle ? De rendre la surveillance plus facile ? De rendre le jour où il devrait la blesser plus difficile ? La rendre moins malléable entre les mains de ses collègues ? Un risque qu'elle le connaisse ? Saurait-il seulement lui apprendre ? Il avait appris sur le tas, en se faisant faucher dans des bagarres, en étant utilisé comme soldat par ses supérieurs. Il avait appris par expérience et par instinct. Il n'avait eu que très peu de "cours" de la par de son principal mentor.

What makes you think that I'm the kind of teacher that ... "suits you" ? demanda-t-il, nullement désapprobateur. Juste ... curieux.

Qui parle de modération ?

feat Arelan MacDuncan

Arelan ne se pressa pas pour lui répondre, semblant peser le pour et le contre de la proposition de la jeune fille. Cette dernière le laissa réfléchir en paix, détournant son regard insistant pour regarder la route. Ils continuèrent à cheminer un moment avant qu'Arelan lui réponde :

« What makes you think that I'm the kind of teacher that ... "suits you" ? »

Elle haussa un sourcil. Réfléchissant simplement à la question.

« Intuition. » Répondit-elle en haussant les épaules. « J'en sais rien... T'es la seule personne que je "connaisse" et j'ai pas envie de fouiller la ville pour trouver quelqu'un... J'ai peur de tomber sur quelqu'un comme... la personne de tout à l'heure... » Expliqua-t-elle en désignant l'ivrogne qui avait failli la violer. « ... Et je sais que tu sais te battre. »

Le Phantom écouta la réponse de la jeune fille avec une attention toute particulière.

Intuition. J'en sais rien ... T'es la seule personne que je "connaisse" et j'ai pas envie de fouiller la ville pour trouver quelqu'un ... J'ai peur de tomber sur quelqu'un comme ... la personne de tout à l'heure ... ... Et je sais que tu sais te battre.

Il resta silencieux, "digérant" ses paroles. Elle avait raison de mettre de l'emphase sur le verbe "connaitre". Crystal ne le connaissait pas. Elle ne pouvait pas savoir qui il était, ni comment il réagirait dans certaines situations. Il avait réagit comme cela sur le moment, pour protéger sa "cible", mais maintenant il aurait tout aussi bien pu l'attirer dans une ruelle, lui faire croire qu'il connaissait un raccourci et la violer avec facilité. Voir même, en partant d'ici, profiter du fait qu'il y ait moins de témoins pour la guider à l'écart sans qu'elle n'ait trop de doutes, pour revenir au même résultat. Elle ne savait pas non plus ce qu'il avait fait par le passé. Vendant des jeunes filles, tuant, escroquant et couvrant des crimes bien pires presque sans problème de conscience (encore eut-il fallut qu'il en ait encore une valide). Il la regarda très rapidement avant de regarder à nouveau devant lui. Ils avaient de la chance qu'elle ne sache pas. Un loup sauvant une agnelle de la gueule d'un autre. Absurde et dangereux.

Il essuya la commissure de ses lèvres, sentant bien la douleur à la mandibule et décida de la faire raisonner en partant d'une idée moins ... stressante.

Tu sais chanter. Cela veut-il dire que tu saurais forcément l'apprendre à un autre ? demanda-t-il rhétoriquement. Pareillement, le fait que je sache me battre ne veux pas dire que je suis forcément un bon professeur. Je suis sûr que tu pourrais trouver un très bon professeur auprès des organismes spécialisés, et peut-être prendre des cours avec une femme si cela te rassures. "Rester sur un malheur passé, c'est le meilleur moyen de s'en attirer un autre.", ou un truc du genre ~

Qui plus est, il ne préférais pas se mouiller plus que cela. Il était déjà celui qui lui soufflait l'idée de prendre des cours d'auto-défense, rendant "l'aide" des Phantoms moins justifiée, et ces cours pourrait être utilisés contre des collègues, voir contre lui. Pas sûr sûr que le Patron apprécie. Alors si en plus c'était Arelan lui-même qui lui apprenait.

De toute façon, avec cette soirée, Arelan sentait venir les ennuis gros comme une montagne et il se demandait déjà comment il allait retourner le tout à son avantage. En attendant d'avoir trouvé, il se voyait déjà obliger de ramper au pieds du Patron comme un chien. Cependant ... il gardait la toute petite envie d'essayer.

Mais j'y réfléchirais si cela peux te rassurer.

Qui parle de modération ?

feat Arelan MacDuncan

Bizarrement, la jeune fille se sentit écoutée. Brève impression ou réalités, Arelan répondit peu après :

« Tu sais chanter. Cela veut-il dire que tu saurais forcément l'apprendre à un autre ? » Haussant un sourcil, la jeune fille haussa les épaules en l'incitant à expliquer le fond de sa pensée : « Pareillement, le fait que je sache me battre ne veux pas dire que je suis forcément un bon professeur. Je suis sûr que tu pourrais trouver un très bon professeur auprès des organismes spécialisés, et peut-être prendre des cours avec une femme si cela te rassures. "Rester sur un malheur passé, c'est le meilleur moyen de s'en attirer un autre.", ou un truc du genre ~ »

Crystal fit non de la tête, prête à riposter, mais Arelan reprenait déjà :

« Mais j'y réfléchirais si cela peux te rassurer. »

Enfin, la jeune fille prit la parole :

« C'est là que mon intuition intervient. » Elle commença. « J'ai le sentiment que tu feras un bon professeur. Et tu sais pourquoi ? Je ne te connais pas beaucoup mais je sais au moins une chose... » Elle laissa sa phrase en suspens, avant de reprendre, sérieuse. « Je sais que tu ne me ménageras pas. Que tu me laisseras pas à demi-prête. Et j'ai réfléchi : tu me prends sûrement pour une pleurnicharde, mais je sais que c'est l'entraînement qu'il me faut. Après mon expérience de ce soir, je sais que les gens ne s'arrêteront pas si je me mets à pleurer ou que je les supplie, il en faudra plus. Et je pense que ce "plus", tu pourras me le donner. » Crystal marqua alors une pause, avant de planter ses yeux verts d'eau dans ceux d'Arelan, affichant un sourire sincère. « En tout cas, merci d'y réfléchir. C'est... gentil ! »

C'est là que mon intuition intervient. J'ai le sentiment que tu feras un bon professeur. Et tu sais pourquoi ? Je ne te connais pas beaucoup mais je sais au moins une chose...

La Sirène semblait déterminée à l'avoir comme mentor. L'homme en costume darda sur elle un oeil acéré et froid, intrigué.

Je sais que tu ne me ménageras pas. Que tu me laisseras pas à demi-prête. Et j'ai réfléchi : tu me prends sûrement pour une pleurnicharde,
Pas exactement; il la croyait simplement comme les autres : naïve et inexpérimentée. Elle pensait avoir mal car elle ne savait pas la vraie signification de la Douleur.
... mais je sais que c'est l'entraînement qu'il me faut. Après mon expérience de ce soir, je sais que les gens ne s'arrêteront pas si je me mets à pleurer ou que je les supplie, il en faudra plus. Et je pense que ce "plus", tu pourras me le donner.

C'était justement ce qui lui faisait peur. Son entrainement n'était ni plus ni moins que de l'expérience et de l'expérimentation, sous la contrainte. Il avait appris à esquiver pour s'éviter l'handicap d'une blessure. Il avait appris à frapper en sentant quels endroits de son corps était plus sensibles et en voyant d'autres souffrir. Il passa sa main dans sa frange, glissant les doigts entres les mèches jusqu'à se gratter l'arrière du crâne. Crystal réinstalla un contact visuel avant de lui dire quelques mots :
En tout cas, merci d'y réfléchir. C'est... gentil !

Hrml.

[On finit là ou on relance ?]

Sujet: Re: [TERMINÉ] Qui parle de modération ?

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[TERMINÉ] Qui parle de modération ?

[TERMINÉ] Qui parle de modération ?

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