Lorsque le bar au sous-sol s'ouvrait et qu'on préparait la scène, on aurait dit que tout le Miroir d'Aphrodite s'animait : des incarnations de toutes parts venaient profiter d'un verre ou des services qu'offraient la cuisine, avant de s'installer aux tables face à la scène, pour profiter du spectacle en toute tranquillité. L'ambiance magnétique de la place créait une sorte de terrain d'entente entre humains et incarnations, qui échangeaient des plaisanteries le plus naturellement possible.

Derrière le comptoir, Gilles jonglait avec toutes ses tâches, mélangeant alcools, servant les verres, poursuivant sa réponse à une question qu'un groupe de fêtards lui avait posée et empêchant une incarnation du Chat Botté de ne plus revêtir que ses bottes. Heureusement, son barback vint lui alléger la charge de travail, et Gilles put aller se servir lui-même un verre depuis le pichet d'eau glacée.

Il se massa la nuque de la main, refermant ses doigts en poussant un soupir, levant distraitement son regard vers la scène - où quelques individus disposaient les amplis, où un technicien s'assurait que le micro fonctionnait (un bruit blanc sonna dans la pièce une seconde, avant qu'il ne règle le problème) et où un duo d'éclairagistes se disputaient quant au placement des lumières. Ne manquait plus que l'artiste, qui lui avait promis d'y être. Gilles eut un sourire crispé à cette pensée: encore fallait-il pouvoir le croire. Ce ne serait pas la première fois qu'il leur poserait un lapin, à lui, au metteur en scène et à toute l'équipe.

Quelques minutes passèrent. Gilles releva distraitement ses yeux vers les tabourets autour de lui: Oren avait quitté le comptoir pour aller s'installer, comme les autres, à une table près de la scène. Le trajet visuel de Gilles remonta vers la scène: sans compter les amplis, le micro et le tabouret, elle était vide. Plus que quelques minutes avant de commencer. Et en regardant au plafond, il constata qu'en effet, les éclairagistes venaient de baisser la force des lumières, assombrissant la pièce dans une lueur orange et tamisée.

Et on entendit alors le son de percussions, que le micro fit se propager sur la scène, au bar et aux tables, plongeant la salle dans la musique. Les percussions se joignirent à un son sec de guitare. Un silence, et une voix s'éleva, peut-être en même temps qu'une silhouette entra sur la scène de la gauche.

« It's late in the evenin', (la guitare reprit) glass on the side,
I've been sat here with yooou, for most of the niiight,
ig. no. ring.
everybody here,
we wish,
they would disappear so,
maybe we could get down nooo~oow
--Yeah! »

Gun vint s'asseoir au tabouret, ayant allégé sa charge de vêtements d'un pantalon propre et plissé de couleur noir, un chandail blanc insignifiant, n'étant visible que parce-que sa veste en jeans était déboutonnée du dessus. Dans ses mains, une guitare acoustique en bois reluisant, récemment vernie. Il tapota dessus : le son était celui des percussions de plus tôt.

Gun reprit la chanson, dodelinant la tête et faisant rebondir les mèches de ses cheveux dans le tempo:

« Iii doon't wan na knoow,
If you're gettin' ahead of, the pro graaam
I want you to be miiine, laaddeyyy ♫

To-- hoold yoour bo dy close,
take another step into the, no-man's laaand
For the longest time, laaddeyyy ♫ »

Il attaqua le refrain en voix de falsetto, rejoint par quelques spectateurs, qui connaissaient les paroles.

« I need, you dar ling, come on set, the tone, If you feel, you're falling, won't you let me know
-wOh-Oh-Oh-Ooh-Oh ♫
wOh-Oh-Oh-Ooh-Oh ♫

If, you love me, come on get, involved. Feel it ru, shing though you, from your head to toe
-wOh-Oh-Oh-Ooh-Oh ♫
wOh-Oh-Oh-Ooh-Oh ♫ »

À la foule:

« Sing ! »

On tapa du pied.

« WOh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-Woh-oh ! ♫ »

« Woh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-Woh-oh ! ♪ »

À la foule:

« Louder ! »

Et elle:

« WOh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-Woh-oh ! ♫ »

La foule chantait, la foule chantait plus fort et lui ne l'entendait déjà plus, son regard se baissant au hasard à une table près de la scène, et croisa celui de la personne qui s'y était assise, au hasard : Oren. Et Oren avait chaud, et Gun le sentait, et il n'eut aucun mal à lire l'expression dans ses yeux ; il ne la connaissait que trop bien. Il se mordilla inconsciemment les lèvres pendant qu'il grattait sa guitare.

Puis il s'était levé du tabouret et s'était penché sur le micro.

« Sing! »

Et on chanta encore, tandis que lui se mit à sautiller sur la scène, s'approchant du bord, changeant de micro et grattant ses cordes avec frénésie, se laissant envelopper dans toute cette effervescence de chaleur, entre les courants dans l'air et ses propres fantasmes. Il les repoussa un moment, se laissa tomber en bas de la scène, se réceptionnant au sol, ouvrant le micro de sa guitare, et s'improvisa un solo, tandis qu'on tapait dans les mains.

À peine un mois l'avait-on engagé, que les habitués de la place connaissaient déjà ses habitudes, la principale étant d'interagir avec tout le monde, en se fondant dans la masse, en chantant et en dansant avec eux, et en emportant parfois, si l'envie lui prenait, une personne dans la foule pour le rejoindre sous les projecteurs.

Et alors qu'il donnait l'impression de vouloir s'enfoncer davantage entre les tables, pour trouver son élu, il pivota brusquement sur le pied, sans perdre sa mesure, se laissant glisser sur le dos, guitare en main, sur la table d'Oren, débitant la suite:

« This love is a blaze-- I saw flames from the side of the stage.
And the fire brigade comes in a couple of days, until then we got nothin' to say n' nothin' to know.
But somethin' to drink and may be somethin' to smoke ♪ »

Il replia une jambe, levant ses yeux vers son invité qu'il voyait à l'envers, cherchant à lui faire comprendre d'un regard qu'il avait bien vu qu'il savait tout autant que lui le reste des paroles. Il fit vibrer le son de sa guitare, penchant sa tête, tandis que la lumière des projecteurs se tourna vers la table où il s'était couché, éclairant et son visage, et celui de l'asiatique.

Lorsque son regard croisa dans ceux d'Oren une étincelle joueuse, plutôt que du malaise, les sourcils de Gunthaer se haussèrent de perplexité. En effet, son invité fut comme piqué par son exemple et se mit à chanter avec lui, dégageant bien plus d'assurance qu'il ne l'avait fait auparavant. Chaque syllabe attisaient le feu de son enthousiasme, aussi il se tourna sur les hanches d'un roulement avant de se relever à genoux, sans manquer un battement de guitare, électrisé par la foule. Il envoya sa tête vers l'arrière, attaquant le refrain:

« I need you, darling, come on set, the tone. If you feel, you're falling, won't you let, me know !
Oo oo oo oo ooh! (ses doigts grattaient furieusement le pauvre instrument)
OOo oo ooo ooh- yeah! »

Il arqua son dos vers l'intérieur, se laissant peu à peu tomber vers l'arrière.
« If, you lov' me come on get, involved, feel it ru, shing through ya, from your head to toe!
Oo oo ooo ooo oooh! ♫ (Il donna l'impression de presque toucher la table de son dos écartant ses genoux)
OOo oo ooo ooh... »

Et il se dressa debout d'un seul coup, la claquement de ses semelles sur la surface de la table jouant des percussions, tandis qu'il reprenait.

« Sing! »

Et il ne jouait plus de sa guitare, se contentant de se tourner vers la foule, qui chantait avec lui, en tapant dans les mains - et lui du pied, sur la table.

« Louder! »

On chanta encore. Gun pivota sur ses pieds pour faire face à Oren, encore assit, l'invitant d'un signe de tête et d'un sourire à le rejoindre sur sa scène improvisée.

PNJ – Katherine

Descendre un à un les escaliers qui menait au sous-sol du Miroir d’Aphrodite eut de quoi lui arracher quelques jurons, la semelle de ses talons aiguille irritant sa peau à chacun de ses pas. Quelques personnes, un tant soi peu plus gracieuse qu’elle, se retournèrent sur son passage, outrée. Qui diable avait bien pu inventer une telle monstruosité ? Elle n’avait qu’une envie : passer un coup de hache dedans. Toutefois, pour ce travail, elle devait tenter de se fondre dans la masse le plus possible, Katherine serra donc les dents. Elle se contenta tout bonnement de passer sa frustration sur un homme qu’elle rencontra sur son chemin, le repoussant d’une main contre le mur et ensuite le contourner, sans plus de façon, les épaules crispées.

Gagnant enfin le sous-sol, Katherine se mordit la lèvre inférieure, se reposant sur une hanche pour ensuite renvoyer ses mèches rebelles derrière une de ses épaules. De ses prunelles ambrées, elle décrivit un bref regard circulaire ennuyé et désintéressé dans l’ensemble de la salle, déjà bondé de monde. Poussant un soupir, soulevant une mèche de sa frange, elle pivota sur ses talons, oubliant déjà l’idée de s’installer près de la scène. Claquant fortement des talons, elle prit place à un tabouret au bar tout juste au moment où le spectacle commençait, enflammant la foule en un instant. Katherine fronça les sourcils pour ensuite s’accouder contre le comptoir et laisser sa tête reposant dans le creux de sa paume. Sans façon, elle retira un à un ses talons, à l’aide de ses pieds, les laissant retomber contre le sol pour ensuite commander une boisson. Malgré ce bruit assourdissant, auquel Bloody Mary ne prit nullement part, elle cogita sur son breuvage—ironiquement, un Bloody César—pour simplement jouer la carte de l’ignorante et plonger sa main dans la bourse qui pendait encore à un de ses poignets. Elle en sortit un petit miroir de poche, l’ouvrant simplement d’un doigt et passa son index et son pouce contre les commissures de ses lèvres, soignant son maquillage. D’un œil peu attentif, elle dévisagea ensuite la scène à travers le reflet de la glace—puisqu’elle faisait dos à celle-ci—pour finalement qu’une moue ne s’installe sur son visage.

L’entrain avait gagner en ampleur sur la foule et elle eut tout juste le temps d’apercevoir Gunthaer et Oren sur une table avant que l’homme à ses côtés ne vienne la bousculer, d’un mouvement d’épaule maladroit pour ensuite poser sa main contre une de ses cuisses. Sans détourner le regard de son miroir, Katherine avait simplement agripper le poignet de l’autre, crispant ses ongles contre sa peau, lui faisant perdre de la force dans sa poigne, pour finalement retourner son bras dans un tout nouvel angle plus ou moins confortable.

- You better go away… fit-elle le regardant de biais. Or… You’ll have to use your other hand to satisfy yourself ~ rajouta-t-elle, penchant sa tête sur le côté, sur un maigre sourire effrayant.

Et aussitôt fait, se tordant de douleur, il s’était reculé pour que finalement Katherine ne relâcha sa poigne et reprenne le cours de ses affaires.

Il dut arrêter de gratter sa guitare pour attraper Oren, car même si ce-dernier jouait des hanches et pliait les genoux pour garder leur équilibre, leur table n'était pas faite pour soulever deux individus qui dansaient dessus. Aussi il s'empressa de l'enlacer à la taille, le tractant vers lui tout en se laissant tomber vers l'arrière, retrouvant le sol d'un petit rebond tandis que la table vacilla deux fois sur elle-même, comme si elle dansait au rythme de leur musique, avant de se stopper.

Gun terminait le dernier couplet, rendu au sol avec le reste des spectateurs, le cliquètement de leurs verres et le son de leur éclat de rire se joignant à celui de sa guitare qui s’adoucissait, et à sa voix, qui portait dans toute la salle:

« Can you feel it
( il tournait autour d'Oren, sautillant sur un pied)

All the guys in here don't even, wanna dance
Can you feel it -
All that I can hear is music, from the back
Can you feel it ?

(il fit un tour sur lui-même, pressant son dos contre celui d'Oren)
Found you hiding here so won't you take my hand daaarling
'fore the beat kicks in again

Can you fee~eeel iii~iiit?
( Sa guitare jouait presque toute seule, et il dodelinait de la tête )
Ca~annnn youuu feee~eel iii~iit? »
(Il avait fermé ses yeux, laissant sa tête reposer derrière celle de son invité, se régalant de sa présence)

Et reprit le refrain, pendant que les autres autour chantaient, pendant qu'on tapait des pieds et des mains, pendant qu'on se servait à boire... L'animation était électrique et toute l'effervescence atteint son point culminant.

Il n'avait même plus besoin de jouer de la guitare: les spectateurs criaient la suite des paroles, s'époumonant, s'esclaffant à voix haute, oublieux de leurs manières, comme si tous avaient l'impression de se connaître au milieu. Sa guitare à son épaule, il empoigna Oren pour le monter avec lui sur la scène, l'emmenant tout au centre, près du micro, les projecteurs se retournant de nouveau vers lui.

« If, you lov' me come on get, involved
Feel it RUshing through you from your HEAD to toe!

Louder !

On cria plus fort. Son sourire s'était aiguisé, et il empoigna le micro, ordonnant:

Sing ! »

Et il se recula, à bout de souffle, essuyant la sueur à son front, et les joues rosies par l'effort, tant le sang affluait dans ses veines. La plupart de la foule avait cessé de chanter pour l'applaudir, tandis que d'autres, enivrés, croyant à une suite, poursuivaient leur Oh d'une voix pâteuse, soulevant quelques rires de la part de leurs voisins - et du musicien sur la scène, qui se pencha sur son micro, gouaillant:

— « We he hell, sounds like some people want the song to extend further, ha ha hah ! »
Il remua les épaules.
— « I'm afraid that's all you're getting from me, folks ~ »
On l'applaudit encore, il eut un petit rire, puis ignora la foule et se tourna vers le bar.

— « Yo Gilles! Can you make me an Iced-Jack? I'm parched! » Il pencha le dos pour retirer sa guitare, qu'il laissa tomber sans façons à côté du micro, s'étirant le dos et les bras, se dirigeant déjà d'un pas leste sur le côté de la scène, avant de pivoter sur le pied pour s'adresser à Oren.

— « You coming, Soldier ? il lui demanda, en ramenant ses bras étirés derrière sa tête, retombant au sol sur un pied, s'éloignant déjà à reculons comme si de rien n'était.

Sur le chemin du bar, un homme un peu paniqué le bouscla de l'épaule, se tenant le poignet, marqué par des sillons rouges, comme une trace de griffes. Gun fronça les sourcils sur une grimace d'incompréhension, faisant retomber ses bras en regardant le malotru s'en aller d'un pas rapide. Puis, il se tourna vers le bar et Gilles -- mais plus particulièrement vers son verre, contre lequel miroitait la lumière tamisée, et vers les glaçons frais qui flottaient au dessus.

C'est sans plus attendre qu'il vint s'asseoir à un tabouret du comptoir, tout près d'une femme aux pieds nus, un Bloody Ceasar en main. Il la salua d'un charmant sourire avant de la délaisser du regard, portant plutôt celui-ci vers l'invité d'honneur qui le suivait non-loin derrière. Gun se tourna sur son tabouret, remercia Gilles à peine d'un geste de la main, puis, porta son verre à ses lèvres, le sirotant, distrait par le sourire qui éclairait le visage d'Oren devant lui.

— « You're full of surprises, Soldier. I didn't expect you to be so quick on your feet in front of a full audience. Il se laissa légèrement tomber vers l'arrière, s'accoudant sur le comptoir, faisant tourner les glaçons dans son verre d'un tour de poignet.

— « You're really starting to loosen up ♫ ! »

PNJ – Katherine

La dernière note fut pousser, mettant fin à un spectacle qui n’avait de cesse de faire vibrer la foule, sauf probablement une seule et unique personne : Katherine. Celle-ci s’était contentée de faire pivoter légèrement son tabouret, dirigeant ses prunelles ambrées sur le reflet de la scène dans la glace de son miroir de poche. Les clients en redemandaient, certaines continuant de jouer les notes en tapant du pied ou d’autres enchainant les paroles d’une façon maladroite et finalement, d’autres riant aux éclats, perçant les tympans de quiconque s’approchaient trop près. Bloody Mary serra les dents, crispant ses doigts sur la partie métallique de son objet fétiche. Ses oreilles bourdonnaient encore sous l’effet d’une musique trop forte qui venait de brusquement s’éteindre et les idiots pleuvaient tout autour d’elle.

En sentant une nouvelle présence s’approcher en sa direction, Katherine referma son miroir de poche des doigts, faisant claquer le loquet. Elle tourna légèrement la tête, regardant par-dessus son épaule, suivant de son regard glaciale Gunthaer qui vint finalement prendre place non loin d’elle. Elle répondit à son sourire par un haussement de sourcil, un air ennuyé et désintéressée sur le visage. Elle détourna le regard lorsqu’Oren vit rejoindre son complice, poursuivant leur conversation à laquelle Katherine n’accorda une once d’importance. Expirant bruyamment, elle souffla quelques unes de ses mèches rougeoyantes dans les airs, pour ensuite les chasser du tranchant de ses doigts. Dans le même mouvement, elle tournoya sur son tabouret, son coude s’heurtant à son verre à moitié entamer, qui fit vol plané. Katherine tendit paresseusement la main pour tenter de le rattraper, en vain. Il se déversa à moitié sur la table, à moitié sur Gunthaer. Ramenant sa main en sa direction, elle se mordilla le bout du pouce, esquissant probablement son seul petit sourire de la soirée.

- « Well, I kind of forgot there were other people here » lui avoua Oren sans mensonge, arrachant aux lèvres de Gunthaer un gloussement, vite noyé dans son verre.
- « I couldn't take my eyes off you and honestly, I didn't want to either.
Gun s'était essuyé le rebord de la bouche d'un doigt, son soubresaut l'ayant éclaboussé de quelques gouttelettes. Il les lécha sans y prêter plus d'attention, son intérêt plutôt tourné vers son invité:
- « Something we can both agree on ~ » il ronronna en réponse, inclinant sa tête vers le bas, s'octroyant le droit d'admirer son partenaire de scène sous la lumière tamisée du bar. Il éloigna son verre de ses lèvres et le posa sur le comptoir derrière, se penchant un peu plus, affrontant le regard d'Oren du sien, qui pétillait comme un brasier.

- « ...No use in staying here if the crowd's boring, don't you think? So how about we-- il s'interrompit sur une note de stupeur interrogative, le bloody ceasar se renversant sur lui, rougeoyant d'une tache visible et son chandail, et sa veste, et ses cheveux.

Les yeux ronds, les lèvres entrouvertes et son train de pensée interrompu, il baissa les yeux pour constater brièvement les dommages avant de passer une main à ses cheveux, poussant un petit soupir, et levant un petit sourire.

« Wait, wait-- »
Soudain, Gun se laissa glisser au bout de son tabouret, se leva sur ses bras et arqua le dos, renvoyant ses cheveux détrempés vers l'arrière et bombant le torse, repliant une jambe sous l'autre.
« --What a feee~ling ~ » il fredonna pour ajouter à sa plaisanterie, se fichant de savoir si Oren ou la femme à côté comprendraient la référence.

PNJ – Katherine

Fermant à demies les paupières, Katherine pencha sa tête sur le côté, détaillant les nouvelles tâches orangées qui parsemaient non seulement le chandail, mais également la veste et les cheveux du chanteur. Bien que le train de leur discussion fût soudainement coupé par la surprise, l’autre ayant même eut un mouvement de recul, l’incident sembla passer comme du vent. Voyant Gunthaer pousser un soupir puis lever un sourire, Kath croisa les bras, désireuse d’entendre ce qu’il avait à dire.

- Wait, wait—

Elle haussa un sourcil, de moins en moins intéressée. Puis lorsque Gun se positionna sur le bord de son tabouret, arquant son dos pour adopter une position tirer d’une vraie comédie musicale, Bloody Mary roula des yeux pour ensuite détourner le regard.

- --What a feee~ling ~

Elle perdit immédiatement tout son intérêt, ignorant la référence à laquelle Gunthaer faisait allusion.

- Tenez, pour remplacer le verre que vous avez renversé.

Katherine le jugea d’un regard de biais pour ensuite glisser ses prunelles ambrées sur le comptoir où Oren venait de déposer l’argent. Était-il sérieux ? Elle poussa un soupir, tandis que la conversation semblait se poursuivre.

- So you were saying something about leaving this place? ~

D’un flegme évident, mais gracieuse tout de même, elle descendit de son tabouret pour plier les genoux et saisir ses talons aiguilles par le rebord de leurs semelles. De son autre main, elle vint replacer le tissu de sa robe ajustée avant de renvoyer ses mèches rougeoyantes derrière son épaule. Puis, elle contourna son tabouret, étirant le bras pour saisir la monnaie sur la table et se rapprocher d’Oren.

- Don’t bother… trancha-t-elle glissant la pointe de ses ongles, le pulpe de ses doigts sur le début de l’épaule de l’asiatique.

Au fils de ses pas, alors qu’elle contournait l’asiatique cette fois, sa main parcourut l’épaule en entier d’Oren, serpentant contre son cou, son oreille avant de retomber et se glisser dans sa poche pour y remettre la monnaie. Katherine pencha ensuite ses lèvres à hauteur de son oreille, dardant néanmoins son regard glaciale sur Gunthaer.

- You’ll need it in order… (elle pinça ses lèvres ensemble) To pay yourself a Blow Job. souffla-t-elle sur un mince sourire, soulevant un double sous-entendu.

Puis, elle pivota sur ses pieds nues, seulement recouvert d’un collant noir transparent, pour reprendre ses traits frigides et se diriger nonchalante vers la sortie.

Mais sa tentative de lever quelques rires n'avait pas porté ses fruits. En plus d'ignorer sa référence à Flashdance, Oren semblait s'être légèrement refroidi, ses yeux ne brillant plus d'un même éclat qu'après leur spectacle. Il avait fouillé dans sa poche, en avait sorti de la monnaie et avait posé l'argent près de l'importune à côté, sur le comptoir, croyant bien faire:

— « Tenez, pour remplacer le verre que vous avez renversé. »

Gun secoua sa tête et passa sa main dans ses cheveux, tentant de se débarrasser des gouttelettes les plus tenace, histoire de se coiffer du mieux qu'il le pouvait. Oren se tourna de nouveau vers lui, plus volontaire:

— « So you were saying something about leaving this place? ~
Au musicien d'avoir un rictus, trouvant la proposition désormais ironique.

— At first I was just trying to show off, but now I doubt you'd want me to smell like tomatoes and clam for the rest of the night » il fit en ricanant, sans toutefois se lever. Non, c'est plutôt sa voisine - la responsable de l'accident - qui se leva, descendant de son tabouret pour reprendre ses talons-aiguilles. Elle replaça sa robe, chassa ses cheveux rouges vers l'arrière et étira le bras pour se saisir de l'argent lui étant destiné avant de s'approcher d'un pas d'un bon samaritain

— « Don’t bother… » elle glissa la pointe de ses ongles, la pulpe de ses doigts sur le début de l'épaule d'Oren, serpentant dans son cou puis à son oreille avant de retomber et la glisser dans la poche, comme pour lui rendre son argent. Toujours au comptoir, Gunthaer observait la scène, plutôt amusé par l'initiative de cette étrangère - et son audace. Elle avait penché ses lèvres à l'oreille d'Oren:

— « You’ll need it in order… (son regard ne quittait plus celui de l'incube, qui avait penché la tête, attendant la suite) To pay yourself a Blow Job. »
Puis, elle s'éloigna d'un pas léger, tandis que le musicien ricanait tout bas. Il répondit à la provocation en se redressant, portant sa main à ses cheveux.

— « Aw, cute ♥ You're comparing your price to mine !

Et comme elle s'éloignait de toute façon, il se tourna vers Oren, se leva de son tabouret (non sans oublier d'empoigner son verre) et s'avança d'un long pas, dans la direction opposée de la femme - se dirigeant vers les loges, plutôt que la sortie.

— « Don't feel bad, il lança à son intention, par-dessus son épaule. I'm sure one day you'll be able to afford me ~ Et vers Oren, cette fois: In the meantime, let's go to the dressing room ♪ »

Au bout de la salle, il contourna un mur pour déboucher sur les coulisses derrière la scène, à peine éclairés par des spots de rechange. Ici, on voyait les boyaux de l’infrastructure du miroir: les grillages de poutres qui servaient à soutenir l'étage du Game Corner, les accessoires de scène pour les danseurs, comme des poteaux inutilisables ou des instruments abandonnés, sans parler du nombre d'amplis qui s'empilaient pour créer une caisse sonore, une caisse sonore responsable de l'acoustique du sous-sol.

Parmis tout ce fouillis se trouvait un chemin praticable, emprunté par les artistes, qui menait à un petit couloir qui se séparait en deux: tout droit menait à la sortie, au Nord, vers un escalier de fer qui montait au rez-de-chaussée. Le couloir perpendiculaire menait aux portes des loges: il y en avait 10 en tout, dont une commune, plus grande et large que les autres, qui servait autant de vestiaire que de lieu de repos pour les artistes, les metteurs en scènes, les éclairagistes, les maquilleurs et les responsables du son.

Il ouvrit la porte d'une loge (comme les chambres à l'étage, elles étaient toutes pareilles), laissa Oren entrer d'abord et referma derrière eux, ouvrant la lumière, poussant un petit soupir devant le fouillis: des piles de vêtements étaient éparpillés au sol, quelqu'un avait rayé un miroir d'un trait et quelques ampoules, du cadre d'ampoules autour, étaient éteintes. Il prit soin de noter l'information, qui disparut presque aussitôt dans un coin de ses pensées tandis qu'il s'affairait à déboutonner au complet sa veste en jeans d'une main, afin d'alléger son poids sur ses épaules. Son autre main tenait toujours son verre carré, à moitié rempli de glaçons et de son reste de Iced-Jack.

— You've been awful quiet, il dit à son invité, prenant un air un peu las. You still thinking about what that woman said ?

Gun s'éloigna de la porte, contourna Oren et alla poser son verre sur la surface du comptoir, près des miroirs de la loge.
—  «  This place is quite the mess. You sure you'll find anything to wear in here?
— Way to dodge my question  ~ » gloussa le musicien, entreprenant de retirer sa veste en la faisant glisser de ses épaules.

Il la fit glisser sur le dossier d'une chaise, portant déjà sa main à la boucle de métal de sa ceinture afin de la détacher, se dirigeant vers la penderie, de l'autre côté de la pièce. Outre les piles de vêtements, les deux miroirs, avec leurs deux comptoirs et leurs deux chaises, la loge possédait aussi deux étagères, et deux penderies. Gun se dirigea vers ces-dernières, ouvrant la porte de l'une d'elle pour disparaître derrière, son explication n'étant plus qu'un écho.

— Anyway, it's not that messy. Its floor-coded. On entendit le cliquetis des cintres qui remuaient, comme il cherchait des vêtements de rechange, ainsi que le glissement de sa ceinture, qu'il venait tout juste de retirer.
— « The stuff on the ground pro'bly needs to be cleaned... » On entendit le tissu d'un jeans se froisser, comme il l'enfilait.

But anything in the closet's free to wear.  »
Et il ferma la porte, jetant sa chemise blanche tachée d'orange dans la pile de vêtements hétéroclites au sol, enfilant désormais un t-shirt à imprimés d'un sombre turquoise, une veste gris chaud et des jeans foncés et déchirés sur les genoux, se départant de son look de gentil-garçon qu'il avait sur la scène pour retrouver un style un peu décontracté, mais toujours esthétique. Il passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement, complètement le portrait d'une coiffe un peu échevelée.
— « There ! How'd I look? »

—  « You're as amazing as always. 
— And you're just as flattering ~  »
Gun se laissa légèrement tomber contre la porte de la penderie, appréciant la flatterie, portant machinalement ses mains sur sa poignée, prenant un petit air espiègle à la pensée qu'ils se trouvaient enfin à deux, isolés de la scène, des spectateurs et des indiscrets.

— So, shall we go back to the bar ? Il releva innocemment, plus pour tester les eaux quant aux intentions de son invité que par réelle envie de retrouver l'ambiance électrique là-bas.

— « Well you seemed to want out of there even before that woman spilled her drink.
À l'entente de ces mots, Gun eut un petit ricanement, haussant ses sourcils comme pour lui accorder le point. Il s'écarta de la penderie en se donnant un petit élan, effectuant un long pas pour avaler la distance qui les séparait, aussi il lui rétorqua, en revers:

— And the way you were looking at me seemed to imply you were sharing the thought~ ... » il releva, piqué d'intérêt, portant toute son attention sur son co-chanteur de fortune, un sourire charmeur relevant le coin de ses lèvres. En sentant l'hésitation d'Oren, il le contourna pour retrouver la fraîcheur de son verre de Iced Jack, allant le siroter du bout des lèvres. Mais sa question le prit de court:

— « Want to go climb a building or something?
Ses paupières s'ouvrirent sur deux pupilles dilatées, s'empêchant de prendre une gorgée de plus. Comme possédé, il lâcha soudain son verre pour poser des deux mains sur les épaules de sa proie -- de son invité, le fond de ses yeux brûlant d'intérêt, décontenancé et attiré par l'impulsivité de la question. Sans pensée pour le verre s'étant brisé sur le plancher, et l'alcool gaspillé:

— Fuck yeah I wanna go climb a building !! ♥ » il répondit avec enthousiasme. Ses doigts s'agrippèrent aux épaules d'Oren avec plus de fermeté avant qu'il ne radoucisse sa poigne, ramenant Oren à lui d'une étreinte, avant de l'en éloigner presque aussitôt, lui tenant la main, le faisant tournoyer comme dans une valse.
— « C'mon we're burning precious daylight !! »

Il le relâcha, déjà au pas de la porte de la loge, une main dans les cheveux afin de replacer ses mèches. « Ach » il marmotta dans sa barbe, en constatant que certaines de ses mèches s'étaient durcies et s'étaient collées aux autres après leur infortune rencontre avec le Bloody Ceaser d'une Bloody Mary.