Une autre soirée calme au Castlebar.

Dehors, le ciel semblait hésiter entre une pluie verglaçante, de la neige, ou simplement un grand froid hivernal, amenant chacun à trouver chaleur et réconfort soit dans son foyer, soit dans la fameuse « Avenue des Soiffards », dans la brûlure de l'alcool et l'ambiance cotonneuse des différents bars : le Mary's Lamb, son atmosphère de vieille taverne malfamée et son tord-boyau assommant tout bon travailleur pour un moindre prix, le Grand Méchant Loup, où une clientèle presque exclusivement masculine venait baver sur les mollets des strip-teaseuses, en rêvant de suivre ces jeunes non-chaperonnées, « jusque dans leurs chambres, jusque dans les ruelles », la Chaussure de Verre, lieu de rencontre des célibataires de tout poil qui venaient y noyer leur dernier échec amoureux et s'offrit le plaisir d'une mauvaise surprise au petit matin ou encore le Devil Speakeasy, petit jeunot jouant sur le centenaire d'une ère fantasmée pour replonger dans l'ambiance des Roaring Twenties et de la Prohibition, au point qu'en plus de se dissimuler dans une contre-allée, on ne pouvait y entrer qu'en montrant patte blanche et que son unique publicité était le bouche à oreilles, pour enfin y profiter d'une musique rétro entraînante et d'un alcool faisant l'effort d'être toujours de bonne qualité ; pour ne citer qu'eux.

Semblant vouloir se tenir loin de cette folie du mythe, le Castlebar faisait office d’exception. Chaleureux et familial, le pub avait lui aussi sa clientèle d'habitués majoritairement de sang irlandais ou autrement celtes qui savaient qu'ils trouveraient au fond de cette allée nourriture et alcool, l'endroit étant tenu par le bon Paul Moore, aussi philanthrope et attachant que commercial et attaché à son pub, ses boiseries dans lesquelles se reflétaient la lumière chaude des lampes dont certaines étaient décorées de verre colorés qui jetaient des couleurs plus vives en direction du plafond où elle étaient fixées.

Assis au bar même devant son verre de whiskey à présent vide, vêtu de vêtements toujours aussi ternes mais plus décontractés, Arelan écoutait d'une oreille distraite les plaisanteries d'un groupe d'amis qui profitaient de ce jeudi soir en riant parfois bruyamment, les yeux partout, les narines pleines des relents tièdes venant de la cuisine. Peu avant lui, un client peu prudent ou très généreux avait abandonné un bol à demi plein de crackers qui faisaient maintenant le plaisir de l'avare qui appréciait sa soirée. La petite était probablement endormie à présent, ses dossiers pouvaient bien se passer de lui pour une soirée tandis qu'il appréciait seulement l'atmosphère générale du pub où certains le connaissaient. Une autre soirée calme au Castlebar.

Voilà bien près de deux mois qu'il attendait le festival de l'hiver en ville, aussi il n'avait rien manqué de son ouverture (ni de la robe méticuleusement tissée de la Reine des Glace, sur la scène), plongeant tête la première dans la fête et ses fêtards. Il avait échangé sa salive avec plus de personnes qu'il pouvait en compter sur ses doigts (ses doigts s'affairant ailleurs de toute manière!), avait usurpé plus de formes en quelques heures que depuis la dernière semaine et avait volontiers participé à un moshpit en vue d'analyser la compétition pendant le spectacle.

Lui et Alexa joueraient le lendemain, le 30, soit une semaine après son "petit accident" dans les rues où un Soldat s'était fait témoin. Il avait songé à l'inviter à la fête, bien sûr, caressant l'idée de pouvoir se délecter d'une friandise en plus de la fraîcheur de l'hôtel de glace (qui avait été construit devant leurs yeux, Reine et Chinouk démontrant à tous leurs talents d'architectes).

Mais dans l'instant présent il n'avait pas vraiment le cœur à penser à de telles choses. Revêtant la forme de Kim (ectomorphe et étroite, et avec les cheveux plus en bataille que jamais merci vent du Nord) Gun maudissait les effets secondaires d'avoir attiré deux incarnations du froid qui lui avait ravi son hiver californien d'une bonne, de deux voire, couches de neige sur le trottoir, lui empêchant d'avancer. Une voiture avait filé à toute allure pour soulever une gerbe d'eau qui s'abattit de sa poitrine au bout de ses orteils et le glaçant jusqu'aux os.

Il lui aurait fallu moins d'une seconde pour se revêtir de sa tenue de Diable, mais au beau milieu de la tempête, en public, et devant quelques passants, il préféra éviter de leur offrir la possibilité d'un sauna en plein gel. Voilà un moment qu'il marchait, les services de restauration du centre-ville et leurs abri chauds lui manquant un peu. Au moins Hansel avait ses bars, et sa chaleur, et ses généreux curieux. Il passa sans s'arrêter devant le Mary's Lamb, hors de question. Renâcla du nez en se faisant presque bousculer à entrer la Chaussure de Verre par un malheureux désespéré.

Après s'être essuyé les mains, et s'être ganté de nouveau, il passa son pied par-dessus la forme de l'homme tête première dans la neige pour plutôt se diriger vers un endroit qu'il n'avait jamais vraiment approché.

Il essuya ses semelles couvertes de neige mouillée sur un tapis dans l'antichambre et entra le pub, grelottant, les joues et les oreilles rosies, la vision trouble et ses mèches échevelées presque figées dans le froid. La magie du Castlebar fit son effet, et son coin de chaleur, ainsi que ses éclats de couleurs semblèrent raviver un sourire épuisé et vieilli à la nouvelle arrivante, qui relâcha légèrement ses épaules, sous son manteau doublé de fourrure, recouvert d'une pellicule de flocons.

Il tourna à peine la tête lorsque la porte s'ouvrit sur une jeune femme qui lui dit rapidement quelque chose, mais beaucoup de gens "lui disaient quelque chose" avec son métier.

En revanche, Bridget qui passait justement devant la porte pour ramener quelques assiettes vidées en cuisine vit très bien la jeune femme, échevelée et détrempée et fit immédiatement entendre sa voix flûtée.
Jesus. Come inside, you'll catch a cold if you stay in the door like that. Here, here. My. Sit right there, near Duncan.

L'espèce de vieux cabochard couturé de cicatrices effrayait parfois certains nouveaux clients mais il avait choisi la bonne place en cette soirée frisquette : un courant d'air chaud venu tout droit de la cuisine réchauffait agréablement les places où elle la mena. Elle aurait cependant préféré qu'il se soit assis plus loin au lieu d'être là, calme, lugubre naturellement, et potentiellement effrayant pour une toute jeune femme détrempée pour de mystérieuses raisons.

You don't mind, Duncan ?
Why would I ~
See, he doesn't mind !

Son ton avait beau avoir quelque chose de sarcastique, elle fit signe à l'asiatique de s'asseoir avant tapoter la large épaule de l'homme de filer en cuisine en jetant un coup d’œil au patron qui observait la scène attentivement. Après tout, Duncan était New Yorkais, et puis, elle aurait surement taquiné un collègue, elle aussi, en le voyant demander ainsi la "permission" d'asseoir un client à un autre client. Surtout au terrible MacScarface.

Terrible MacScarface qui déjà observait en biais la nouvelle venue - et reconnaissait une certaine pickpocket, ce dont le patron de l'endroit n'aurait surement pas voulu. Une lueur de malice alluma son regard alors qu'il ne retint pas :
My, what happened to you ? You tried to steal Poseidon and he got crabby ?

Chose qui ne lui était jamais arrivée avant, une serveuse vint s'émouvoir de son état, à l'entrée et vint le mener à une place près du bar, à côté d'un vieux grizzly penché derrière son verre à whiskey.

— Jesus. Come inside, you'll catch a cold if you stay in the door like that. Here, here. My. Sit right there, near Duncan.
Duncan, c'était le grizzly. La serveuse ne lui prit pas la main, posant plutôt la sienne derrière son épaule, la menant à une place qu'elle avait choisie au bar à côté du grizzly et l'y asseyant sans ne même une fois demander son avis.

Gunthaer, ou plutôt Kim s'assied, plus parce-qu'il n'avait pas la force de lutter que par réelle envie, et il fut aussitôt enveloppé par un courant d'air chaud (porté par toute une série d'odeurs) qui l'étreignit de manière familière, espaçant l'intensité de ses grelottements. En réalité la serveuse n'avait pas bougé : la simple force de ses mots avait réussi à attirer Kim à sa table, et la main derrière son épaule était en fait derrière l'épaule de Duncan:

— You don't mind, Duncan ?
— Why would I ~
— See, he doesn't mind !
Elle lui avait fait signe et il s'était déjà assit, entreprenant de retirer son épais manteau doublé de fourrure (détrempée, merci au chauffard), pour libérer ses épaules, sa nuque et son cou de son étouffante peluche.

Il eut un frisson de délivrance et porta ses mains -rougies, bleuies?- à sa bouche, soufflant dessus, les frottant ensemble en serrant les dents de dépit. L'ambiance le détendait, et son partenaire de bar semblait de bonne humeur. Il pencha la tête pour l'observer discrètement de biais, avant de hausser les sourcils en voyant là un portrait (qu'il se rappelait avoir peint) lui adresser la parole. Inutile de jeter un coup d'oeil à ses notes téléphoniques: Arelan MacDuncan Phantom de la Bad Stories.

Et comble du malheur, dans une forme qu'il avait déjà vue.

— My, what happened to you ?
Il s'adressait à lui.
— You tried to steal Poseidon and he got crabby ?
Pour peu, Kim ne se retint même pas de rire, ses pommettes rosées rosissant un peu plus à ses éclats et levant sa main près de sa bouche, comme par réflexe de vouloir se couvrir. Décidément il semblait de bonne humeur ! Ça l'effrayait.

— Yeah well, you know Posie - he gets to steal what he wants, but god forbid you do !
Et en se dévêtant un peu plus, il sortit ses bras des manches de son manteau, pour poser son coude légèrement humide sur le comptoir du bar, appuyant sa joue dans sa paume.

— Some jackass tried to run me over.
Sans parler de l'autre "jackass" qui avait tenté de le faire entrer de force dans sa soirée de speed-dating. Comme s'il avait envie de passer la fin de sa soirée attablé avec des individus manquant de confiance en soi ! Toutes ces personnes inexpérimentés ou nourries de mensonges, ugh...

Son train de pensée l'amena à réfléchir à deux possibilités : la première était de séduire Arelan, curieux de savoir ce qui pourrait en déboucher. La deuxième était de se pencher, et de lui faire les poches... Vu leurs antécédents, il aurait peut-être plus de chance avec la première.

Elle laissa entendre un rire qui sonnait faux avant de lui répondre, encore tendue par le froid.
Yeah well, you know Posie - he gets to steal what he wants, but god forbid you do !

Il haussa les épaules avec un "Hm" peu convaincu. Pour lui, cela semblait surtout une règle de base de l'humanité. Ce qui avaient plus avaient aussi le droit se de servir sur le dos de ceux qui avaient le moins, mais le contraire ne marchait pas. La chaîne alimentaire révisée. Le plus gros mange le plus petit.

Some jackass tried to run me over.
I do wonder why.
Était-elle trop petite pour être vue sur le trottoir ? Ou le conducteur avait-il justement bu un verre de vin chaud de trop ? Ou s'était-il brouillé l'esprit à n'importe quelle substance disponible. ( Like "snow" or "ice". ) C'était pas ce qui manquait dans le coin.

Un serveur, répondant au nom de Glenn, très bon guitariste à ses heures, bon fainéant rieur la plupart du reste du temps, passa dans son dos en y laissant un courant d'air glacé qui lui fit rondir un peu le dos avant de s'exprimer de sa voix basse et rauque, calme.
Real talk. Do not try to steal anyone here. Might seem like an horrible stereotype, but this place's full of cops who will probably get really tight if you get in between them and their booze.
Paul, qui s'occupait d'une autre commande, se décida enfin à venir demander à la jeune ce qu'elle pourrait vouloir, laissant le plus vieux se taire pour le laisser parler, et demander à elle si elle voulait prendre quelque chose, et à lui s'il "en re-voulait un". Un autre verre de whiskey ne lui semblait pas des plus prudents, surtout pas à côté d'une pickpocket notoire. Il demanda simplement un verre de cidre.

— I do wonder why.
De faire le Duncan avec une feinte ironie, qui fit s'enflammer l'américo-coréenne à ses côtés.
— And what's THAT supposed to mean?!

Elle plissa ses paupières et fronça ses sourcils, ses commissures tirant un rictus féroce mais sans perdre un soupçon de sa diablerie. Il se ménagea en ressentant un courant d'air glacial passer derrière eux, raidissant le dos et l'arquant sur un hoquet de malaise, avant de s'empoigner les épaules dans un réflexe tirant plus de Gunthaer que de ce qu'il avait l'habitude de montrer avec Kim.

Mais tant pis il faisait froid et n'importe qui de sensé se prendrait les épaules ainsi après avoir été renversé par une vague d'eau en plein cœur de l'hiver, bon.

— Real talk. Do not try to steal anyone here. Might seem like an horrible stereotype, but this place's full of cops who will probably get really tight if you get in between them and their booze.
— But stealing drunkards is sooo easy ! Elle se renfrogna. I swear, "Duncan", you make it harder for me on purpose!

Encore heureux qu'il parlait tout bas, car un serveur vint à sa place pour lui demander ce qu'elle voulait. Kim arqua un sourcil, fit mine de lever les yeux pour trouver un menu d'affiché, en vain. Dans ce genre de petit pub maison à l'ambiance chaleureuse, le menu s'apprenait originellement par cœur, ou on se contentait de prendre la même chose que son voisin. Kim plongea sa main dans la poche de son manteau pour entrouvrir un porte-feuille à l'intérieur, et se saisir d'une poignée de billets pour la tendre à [Paul] qui attendait qu'elle choisisse. Alors à défaut de savoir exactement quel breuvage demander, il opta pour la fonction:

— Anything piping hot, to keep away from the cold, please. Et dut lutter contre lui-même pour ne pas glisser son autre main dans les poches du prétendu-policier-serveur, obéissant malgré tout à l'avertissement du Phantom. Sait-on jamais.

Il fronça un sourcil lorsqu'elle s'offusqua et bruyamment de sa simple petite remarque, démontrant son caractère bien trempé dont il se souvenait à présent, à travers leurs rencontres. Ses hurlements de putois en plein centre ville, entre autres. Allons, allons, un nom ne serait pas si difficile à trouver. Il se souvenait bien d'une caractéristique en revanche.

But stealing drunkards is sooo easy !
Il haussa les épaules qui le tirait un peu, indiquant bien que ce n'était pas son problème. Bien évidemment que les ivrognes étaient faciles à voler ! Un alcoolique cirrhosé aux réflexes réduits était parfait pour entraîner un débutant dont les gestes risquaient d'être trop appuyés.
I swear, "Duncan", you make it harder for me on purpose!

Il roula des yeux et la laissa commander, payant son « anything piping hot » avec l'argent d'une de ses malheureuses victimes sûrement. En bon commercial, Paul estima d'un coup d’œil les valeurs qu'elle lui tendait avant de lui proposer avec un sourire chaleureux :
Would an irish coffee do ?
Entre l'alcool et le café brûlant, elle devrait vite se réchauffer. Le dogue l'observa s'éloigner pour s'occuper de leurs commandes, esquivant de peu malgré son embonpoint Glenn qui préparait lui aussi un cocktail.
It's a little late to work for your étrennes, Glenn ~ le prit à parti Bridget en passant pour aller nettoyer une table.
L’intéressé fit la sourde oreille malgré les petits sourires des clients et jeta un regard interrogateur aux deux qui reprenaient déjà leur conversation. Arelan lui fit un petit geste de la main gauche, indiquant qu'ils n'avaient besoin de rien.

I'd like you to explain me how exactly I make it harder to you. I can hardly see by what power I pushed you to run to a pub filled with cops.
S'il possédait un mystérieux psychique autre que l'intimidation – et encore – et la capacité à laisser de mauvais souvenirs cuisants à ses survivants, qu'elle le lui dise ! C'était toujours utile.

I'd more say that you like to put yourself in hard situations. Or, at least, you have a gift to create 'em.

Le sourire chaleureux, ainsi que la consonance de la proposition, semblèrent raviver la bonne humeur de Kim:
— « Would an Irish Coffee do ?
— Sounds good ! Mais derrière...
What the HECK is an Irish Coffee.

Pour peu sa propre réflexion lui fit jeter un bref coup d’œil vers son partenaire de table à côté, sautant un peu trop rapidement aux conclusions. C'est qu'il aimerait bien un Irish tout-autre-chose, oui ~

Entre temps, le serveur était parti, délaissant Arelan à Kim qui, comme tout bon caméléon social, se complaisait dans son rôle. Il s'était mis à remuer ses jambes sur sa chaise, à la fois dans un signe d'impatience, de frivolité, mais aussi dans le but de se réchauffer à défaut d'avoir sa boisson chaude encore prête.

Une incarnation illégale auprès d'un Phantom sonnait risqué, mais il aimait prendre ce risque - et quoi que ce vieux grizzly en dise, il était de bonne compagnie. Mais plus que la compagnie à laquelle il était attablé, c'était toute la place qui le charmait. Il se plaisait à observer l'ambiance familiale et altruiste de ce drôle de bar dans lequel il n'avait jamais mis les pieds.

— It's a little late to work for your étrennes, Glenn ~
Et se plut à rire, doucement, sincèrement de ce genre de légèreté. Il fallait dire qu'après quelques saisons passées dans cette ville, à mordre à pleines dents dans son tourisme criard, il en avait plus que soupé de ses "Fables et Légendes" et n'était pas contre retourner à ses souches humaines, à fréquenter des humains et à vivre de leur culture... eh bien, humaine. Quelque chose de velouté pour alléger ses repas, en gros. Et ce "Duncan" lui semblait idéal pour remplir ce rôle.

— I'd like you to explain me how exactly I make it harder to you. I can hardly see by what power I pushed you to run to a pub filled with cops.
— Tu portes malheur, oui! C'est comme ça à chaque fois qu'on se croise !
L'idée qu'un homme de chance irlandais puisse porter malheur l'aurait presque fait glousser.
— I'd more say that you like to put yourself in hard situations.
— Non mais tu t'écoutes ?! mais Kim ne put s'empêcher de rire, même en le dévisageant.

— Or, at least, you have a gift to create 'em.
Un regard par-dessus son épaule, comme circulaire, comptant sur le fait d'avoir été accueillie en anglais pour éviter de se faire (trop) comprendre:
— Moi ce que j'aimerais bien comprendre c'est pourquoi tu m'as pas encore dénoncée.

Et finit par retirer son manteau détrempé au complet, l'accrochant au dossier de sa chaise.
— Si c'est justement un nid à keufs c'est pas l'occasion qui manque. Mais leur adversité tirait plutôt de la rivalité, et c'est pourquoi elle retourna sa chemise en penchant le dos en levant sa main près de sa bouche histoire que personne d'autre que lui ne l'entende:
— « Et puis tu peux me dire c'est quoi un "Irish coffee"!? »

Il plissa le nez à ses demies invectives, amusé. En effet, peut-être qu'à force de partager la couleur des chats noirs, il avait absorbé leurs capacité à attirer leur entourage dans les pires cataclysmes, tout en y survivant miraculeusement. Tant qu'il survivait avec son chaton, la situation lui convenait !

Moi ce que j'aimerais bien comprendre c'est pourquoi tu m'as pas encore dénoncée. Son manteau émit un bruit lourd lorsqu'elle le posa sur le dossier du tabouret, avant d'égoutter sur le sol son eau souillée. Si c'est justement un nid à keufs c'est pas l'occasion qui manque.
Il jeta un œil narquois à une table où les rires augmentaient, les blagues devenant grivoises. La magnifique police de Sweetdreams. Il ne s'entendait pas spécialement bien avec eux, et bien souvent, il préférait garder ses distances. Du moins, avec les extrêmes de la police. Il s'entendait très bien avec quelques demi-pourris qui parfois même donnait à son travail le vernis de légalité qui lui manquait. Cependant, s'ils étaient incapables d’attraper une jeune crapule comme elle, qui faisait le malheur des touristes, tant pis pour eux ! Tant qu'elle ne retouchait pas à ses poches ... auquel cas, il n'aurait plus aucun remord à lui briser les deux poignets pour l'exemple.

Et puis tu peux me dire c'est quoi un "Irish coffee"!?
Il retourna son attention à la jeune, moqueur.
Pardon, qu'elle est jeunette ! C'mon, take a wild guess. Irish. Coffee. Prouve me you're not deadend stupid.

Et sa question fut superbement ignorée par son interlocuteur, qui avait détourné le regard, portant son attention sur les clients groupés aux autres tables.

Leur humour trempait dans le mauvais-goût et Kim eut un petit remuement des épaules à la pensée que la plupart de ces individus fussent les protecteurs des pauvres gens de cette ville. Pas étonnant qu'ils soient si faciles à entourlouper! Avec des officiers comme ça, on ne se demandait plus du tout de la raison pourquoi la Police Phantom avait été montée par l'Agence.

Il eut une réponse à son autre question toutefois, Arelan préférant parler alcool et boisson que raison et considération.

— Pardon, qu'elle est jeunette ! C'mon, take a wild guess. Irish. Coffee. Prouve me you're not deadend stupid.
Kim gronda, et on ne sut dire si ses mèches épineuses s'étaient gonflées à cause de la chaleur de la cuisine qui les séchait, ou si c'était une manifestation de sa frustration.
— C'est quand même pas du whiskey dans du café??

On lui fit passer son cidre dont l'or pétillait dans l'orbe translucide du verre sans plus de manière avant de retourner s'occuper du reste des autres commandes en jetant un "ça vient" à la jeune femme. Il remercia d'un imperceptible mouvement de tête et ramena le verre à lui d'un mouvement de doigts. Il l'amena à ses lèvres en regardant sa voisine de bar s'hérisser.

C'est quand même pas du whiskey dans du café??
Son regard de vieux matou matois devint aussi pétillant que sa boisson qu'il sirota un peu, goûtant son odeur de pommes fermentées qui lui chatouilla la langue avant de daigner répondre, son regard seul souriant.

Brillante idée, n'est ce pas ? C't'un bon choix de Paul. Le café et l'alcool te réchaufferont convenablement.
Celui-ci arriva d'ailleurs avec la boisson dont s'échappait quelques nuages de vapeur.
Quand on en parle ...
Le café fut posé sur le comptoir avec une cuillère et une serviette de papier.

Sláinte. lui envoya-t-il tandis que ses doigts allaient fouiller le bol pour y piocher deux ou trois biscuits abandonnés lorsqu'il sentit le grattement caractéristique de petites griffes sur son mollet, suivi d'un gémissement tout aussi caractéristique. Il ne put retenir un soupir et baissa les yeux sur une bestiole dont le poil fauve donnait l'impression qu'il venait d'expérimenter les merveilles de l'électricité. Évidemment, le chien – un Border Terrier à ce qu'il avait comprit – était venu réclamer quelques uns des snacks, et ouvrait maintenant la gueule sur une langue rose en remuant sa caudale avant de s'asseoir, le regard fixé avec intensité sur l'irlandais, qui ne se gêna pas pour revenir à son interlocutrice en mâchonnant déjà un cracker. Le chien ronfla des narines légèrement, superbement ignoré par Arelan, puis se tourna vers la jeune femme pour tenter de lui grattouiller les chevilles à elle aussi, malgré son odeur étrange.

MacDuncan avait toujours cet air statufié et raide, le sourcil autoritaire, c'est pourquoi Gunthaer pouvait apprécier ce rare instant de bonne humeur où l'ombre d'un sourire se dessinait à ses lèvres. Il aimait l'enquiquiner et le tirer dans ses jeux, bien sûr, mais il y avait aussi ce sentiment qui se dégageait de lui en le voyant assit parmi les siens, bien au centre de sa zone de confort.

— Brillante idée, n'est ce pas ? Gun était un peu distrait par son analyse de ses traits faciaux. Lui vint vaguement le souvenir de les avoir peints. C't'un bon choix de Paul.
Who's Paul.
— Le café et l'alcool te réchaufferont convenablement.
Know something else that would? ♥
Quand on en parle ...

Se tirant hors de ses fantasmes (heureusement Arelan n'avait rien pour les lire... pas vrai ?) Kim recula la tête en baissa ses yeux sur une expression de perplexité lorsque ce n'est pas un café noir qu'on lui apporta, mais bien ce qui ressemblait à un dessert - le mélange de café et de whiskey surmonté d'un étage de crème légère.

— Sláinte.
— Oh... Thank you, Paul. Dommage, il aurait aimé le voir s'accomplir devant lui.

L'odeur de caféine lui monta aux narines et effaça sa trace de regret. Sans toucher la cuillère, Kim prit l'anse de la tasse et la souleva de la table, pour l'approcher de ses lèvres.

— !
Elle eut un petit sursaut, agréablement surprise par le mélange de crème fraîche mêlée au café brûlant, et baissa un peu sa garde à la sensation du froid chassé de sa gorge. Une bonne gorgée qu'elle interrompit en s'essuyant la bouche (s'occupant d'un tracé du pouce de la petite moustache de crème lui ayant échappé).
« C'est délicieux... »

En tournant distraitement sa tête vers son camarade de table, qui venait de baisser son attention sur une ombre gigotant à sa cheville. L'empreinte thermique lui fit comprendre qu'il s'agissait d'un organisme quadrupède à sang-chaud et qui rebondissait, agile sur ses pattes).

Lorsqu'il vit la bête en question toutefois, ses sourcils se haussèrent. Il s'agissait d'un petit chien tout en épis, aux oreilles triangulaires tombantes et à la généreuse moustache (où s'accumulaient bien bon nombre des miettes de biscottes). Loin d'être du genre à se laisser attendrir par des organismes pareils (à moins d'être dotés de sentience _{ou mesurer cinq mètres de hauteur}), il eut un geste irréfléchi de la jambe lorsque le chien, ignoré par Arelan, tenta sa chance vers lui, ses petites griffes frottant contre ses chevilles.

Aussitôt il joua la carte de la frayeur, et ajouta une profondeur à son sentiment en tentant de la réprimer - Kim n'étant pas de celles à montrer sa faiblesse - un sourire paniqué crispant ses lèvres en figeant son attention sur l'intrus en dessous de sa chaise.

Il feint la réalisation, et suivant son geste leva les yeux vers Arelan, avant de tourner la tête pour jeter un œil aux Forces attablées non loin. En se retournant vers Arelan:
— Putain tu penses qu'il m'a découverte ?
S'il ne la balançait pas autres, il était logique d'arriver à la conclusion qu'il était une sorte d'allié, pour elle. Elle fronça les sourcils, secouant un peu la jambe dans une tentative de repousser le Border Terrier.
— Shoo, shoo! Et laisse-moi boire en paix!

La bestiole se sentant ignorée geind un peu, piétinant au pied des tabourets avant d'éternuer.
Heh, who knows. Avec le flair que ça a, ses conneries là.
Il pouvait encore se souvenir d'au moins deux cas où des animaux l'avaient percé et s'étaient montrés particulièrement distants, si ce n'est agressifs, envers lui. Une odeur restée sur ses vêtements peut-être.

Le roquet gronda, sentant bien que l'on parlait de lui et désirant plus d'attention encore, ce qui ne lui valut que d'être chassé en bonne et due forme d'un mouvement du pied de la jeune femme.
Shoo, shoo! Et laisse-moi boire en paix!

Il obéit de mauvaise grâce, cherchant un autre groupe où se sustenter. Un autre bol de crackers changé à la table policière obtient toute son attention, il trottina d'un air déterminé vers eux.
That's it, on its way to sell you ! gouilla Arelan bas Tu devrais le savoir, pourtant. Les flics, faut les brosser dans le sens du poil.

Heureusement, un petit sifflement se fit entendre, attirant l'attention des deux chiens alors que l'un des deux se vit nourrit d'un lardon jeté d'une assiette. Il ne quitta plus ce nouveau mécène.
C'était moins une ... pour toi.

Un doute le pris à l'instant où il vit le Border Terrier lui tourner le dos et repartir en traînant les pattes. Et si... ce chien était en réalité une Incarnation dotée de sentience ? Ses pupilles dans ses yeux s'arrondirent et se dilatèrent dans une expression d'effroi, fugace, qui s'accentua avec les mots de son partenaire de table:

— That's it, on its way to sell you !
Gun faillit s'étouffer dans sa gorgée d'Irish Coffee, qui ne lui semblait plus d'ailleurs posséder cette même chaleur de réconfort, mais plutôt un âpre goût de réchaud trop chaud qui goûtait la brûlure, plutôt que l'équilibre café-noir/whiskey qui lui avait été précédemment servi. Arrière-goût...

— Tu devrais le savoir, pourtant. Les flics, faut les brosser dans le sens du poil.
— --Non! il glouglouta à mi-voix, et le délateur avait tourné sa tête hirsute vers un client qui l'avait sifflé, répondant à son instinct d'animal stupide. Une sueur froide roula dans le dos de l'usurpateur qui entendit son coeur battre avec force dans sa poitrine.

— C'était moins une ... pour toi.
— Bon sang, lâcha Kim en posant le coude sur le comptoir, secoué d'un rire nerveux, glissant par instinct ses doigts dans ses mèches toutes aussi en batailles que celles du chien. L'adrénaline faisait trembloter ses doigts et il chercha à se ressaisir, coulant son regard sur le Phantom assit à ses côtés.

— Mais quel con! Un coup de coude, le toucher lui permettant de changer la cible de son attention. Et elle se mit à rire, avec une expression gentiment réprobatrice. Pendant un instant tu m'as vraiment fait croire!

Il tourna les yeux vers elle sans bouger, observant sa pâleur, l'entendant s'étouffer, la voyant trembler ... Il n'était pas comme ce Gemini Cricket, à deviner les sentiments des autres, mais avec l'expérience de vieux prédateur, il savait sentir la peur quand il la rencontrait. Et son instinct ne le trompait pas, elle suintait la peur par toutes les pores de sa peau, allumant son intérêt.

Il étira les commissures de ses lèvres en sentant la pointe de son coude effleurer ses côtes.
Mais quel con ! Pendant un instant tu m'as vraiment fait croire !
Son sourire s'étira sur un rictus perfide.
Well, well, look who's not awfully nervous around cops and yet came here ~
Il glissa sa main dans sa poche, haussant les épaules.
Couldn't help but make fun of you, it was too good to see you on the edge of wetting yourself.

Il plissa le nez rapidement alors que sa main sortait déjà la vapoteuse … et que son geste fut de suite repéré par Paul qui le rappela vite fait aux règles.
Duncan. How many times will I have to repeat that ? ronchonna-t-il en pointant du pouce la pancarte dans son dos précisant bien qu'aucune cigarette n'était tolérée, quelle soit électrique ou végétale.
Aw, come on man, it has no « secondary smoke » or wh-
I don't care, it disturbs the clients ! If you wan't to smoke, go outside, geez !
Arelan ronfla des narines, vexé d'être rappelé à l'ordre ainsi, et encore plus en public, et plus encore quand le public s'avérait être une espèce de minette. Il se leva le peu de dignité qu'il lui restait et qui lui fut vite retirée.

Hey, while you're at it, walk Fritz, will ya?
Il eut à peine le temps de se tourner pour attraper au vol la laisse du quadrupède qui déjà avait bien compris ce qui allait se passer et fixait son regard brillant sur l'homme en noir
That way you'll be sure he won't run away, huh ? railla un autre buveur en jetant un regard moqueur à Arelan, qui lui cracha un ''oh shut up'' peu convaincu. Et ne put s'empêcher de remarquer le bref regard que l'autre avait jeté à la jeune asiatique. Il tapota sa cuisse pour inviter le roquet à le suivre et de jeta un coup de menton en direction de Kim, semblant lui demander si elle était elle aussi de la grande vadrouille ou non.

Décidément il n'aurait jamais pu voir ce côté d'Arelan simplement en le fréquentant sous Gun, ou au Miroir. Le sourire qui s'étira à ses lèvres lui glaça le sang - mais ce n'était pas de la peur. C'était de la stimulation. Il aimait le voir aussi confortable et dans son élément.

— Well, well, look who's not awfully nervous around cops and yet came here ~
— Tch !

Comme s'il avait choisi de venir ici ! Un abruti avait failli lui passer dessus, il lui aurait bien rappelé!

— Couldn't help but make fun of you, it was too good to see you on the edge of wetting yourself.
— Oh ouais?? lui renvoya Kim, épineuse. Il écarta ses bras de son corps comme pour lui désigner son triste état.
— Genre j'suis pas assez mouillée en ce moment ?!

Mais un sourire vint se crisper à ses lèvres, malgré son air de reproche, comme quoi même énervée elle trouvait une manière de s'amuser. Pendant ce temps Arelan avait sortit son e-cigarette, et pendant ce temps il fut intercepté dans la seconde:

— Duncan. How many times will I have to repeat that ?
Se faisant spectatrice, Kim suivit des yeux le mouvement de Paul vers l'affiche, qui stipulait en lettres claires l'interdiction de tout type de cigarette dans l'établissement. Attends une minute, il s'agissait d'un pub style irlandais et on n'avait pas le droit d'y fumer ??

— Aw, come on man, it has no « secondary smoke » or wh-
— I don't care, l'interrompit Paul, it disturbs the clients ! If you wan't to smoke, go outside, geez !
Pour peu, l'usurpateur baissa ses yeux dans la vapeur qui créait un faible halo autour de son Irish Coffee. Arelan de son côté s'énerva, ronfla des narines, mais consentit à obéir aux règlements en rangeant l'objet de son crime, et en se levant de sa chaise. Paul renchérit:

— Hey, while you're at it, walk Fritz, will ya?
Le pépiement d'un rire échappa à Gun. Ce pauvre Phantom, mené au bâton par de misérables policiers! Ce n'était pas censé être le contraire ? On lui lança une laisse, et Gun ne se priva pas pour s'imaginer Arelan la porter, plutôt que la masse de poils qui leur servait de chien.
— That way you'll be sure he won't run away, huh ?
— Oh, he won't, elle ricana avec un sourire de connivence, s'étant remise de ses derniers émois.

Il ignora volontairement le regard qu'on lui porta, se jouant d'être la cible d'un autre, préférant s'intéresser à ce qui serait éventuellement son adversaire. Ce-dernier rappela la masse de poils à l'ordre, tapotant sur sa cuisse, puis jeta un regard pour faire de même à sa comparse, mais d'un geste du menton.

Kim y répondit par un petit haussement de ses épaules, couvrant son café-whiskey de ses lèvres pour en aspirer la vapeur et la souffler sur le malheureux à qui on avait interdit de fumer, remettant ses bras dans les manches de son manteau et se levant du comptoir, son breuvage en main. Inutile de se ganter avec une telle source de chaleur dans les mains, mais il le fit quand même, pour la forme.

Il s'écarta de sa chaise, laissant l'espace à Arelan de se pencher pour attacher la laisse à leur troisième camarade qui tournait sur lui-même, véhiculé par l'excitation d'aller se promener.

Dehors.

Dans la poudrerie.

Sur le trottoir longeant la chaussée de la rue des assoiffés.

Au moins il serait bien accompagné?...

Il enjamba le clebs, évitant de le piétiner ou de shoote dedans au passage, alors qu'il se précipitait déjà à côté de la porte, frétillant sur place pour presser les deux adultes. Arelan ouvrit la porte du bar en y appuyant son épaule, actionnant la poignée du coude, sans prendre la peine d'attacher le chien. Après tout, celui-ci avait seulement besoin de pisser, et même s'il se barrait, la rue était piétonne, donc il ne courrait aucun risque. A peine la porte entrouverte, le froid lui mordit la gorge. Il ne serait réellement pas surprit s'il neigeait encore ce soir. Au moins la forme de l'impasse permettait de ne pas être prit par un courant d'air givrant. Les gaz brûlants de la cigarette en revanche lui feraient le plus grand bien. Un bref regard à l'intérieur le renseigna que la jeune femme le suivait, il laissa donc chien et fille sortir en maintenant la porte du talon alors qu'il pouvait enfin porter l'e-cigarette à sa bouche et inspirer une large goulée d'air chaud gonflant cage thoracique.

Fritz se précipita pour lever la patte contre le premier mur venu, recouvrant faiblement de son urine un coin où il avait sentit d'autres odeurs d'urines vieillies, avant de renifler un sac à ordure abandonné à l'angle de deux murs. Arelan souffla enfin sa fumée en un long trait précis, très opaque à cause du froid, refermant au passage la porte d'une poussée du talon. Il faisait vraiment salement froid.
's brick, huh ?
Il inspira rapidement un peu plus de gaz brûlant et souffla sur ses poings dont les phalanges étaient toujours esquintées soit par le mercure trop bas, soit plus simplement par son mode de vie.
Watch what you say tho, snitch's on the watch. gouilla-t-il en montrant l'animal qui lui avait fait visiblement si peur.

Arelan ne prit même pas la peine d'attacher le chien, enfournant la laisse sans un regard de plus dans la poche de son pantalon, avant de se diriger de bon pas vers la porte du bar. Il ne prit même pas la peine d'user de ses mains, l'ouvrant avec le coude et poussant ensuite - faisant s'évanouir tous les rêves de chaleur, de gaieté et de camaraderie du Castlebar avec la grisaille de l'extérieur.

Kim tira sur les ourlets de ses gants puis suivit le pas de son camarade - qui lui tenait de toute manière la porte - pour jeter un dernier regard aux couleurs et à l'ambiance avant de lui tourner le dos et affronter l'humidité glaciale à l'extérieur.

Un vent lui happa les jambes, et il rondit le dos en resserrant ses doigts gantés autour de sa tasse transparente d'Irish Coffee, se penchant pour en prendre une autre gorgée.

À ses pieds, le chien (ou le rat croisé balais-chiotte) fusa à toute hâte vers le premier mur, tandis que son comparse sortait sa vapoteuse pour enfin combler son besoin.

— 's brick, huh ? Il faisait trop froid pour échanger beaucoup de mots.
— Yeah, n' rethinking'...!
Chacun savait comment se réchauffer cela dit, l'un avec sa vapeur, l'autre avec son café, mais Kim arrondit tout de même les yeux en constatant que cet imbécile d'irlandais sortait à -20 degrés celsius sans porter de gants aux mains

— Watch what you say tho, snitch's on the watch.
Kim eut un sourire crispé par le froid, rentrant le menton dans le cou pour s'isoler dans le col de fourrure de son manteau, avant de se reculer d'un pas.
— Har har, he looks busy to me !
Son manteau se froissa avec celui d'Arelan lorsqu'elle se colla contre lui, n'osant trop lever les yeux pour lui échanger un regard.

— Brr... 'you mind ? Comme s'il allait s'empêcher de se servir de sa forme statuesque pour se couvrir du vent ! Il put rapprocher sa tasse de son nez, qui rosit et rougit dans l'opposition froid-chaud de la vapeur versus l'air ambiant. Et une courte observation des lieux lui permit de repérer quelques fous-à-lier qui marchaient de bon gré sous la neige, sur le trottoir opposé.

— Completely mad... Elle lâcha en fronçant ses sourcils, ses lèvres qui se gerçaient de froid grimaçant malgré-elle.

Il fronça un peu en la sentant se serrer contre lui à la recherche d'une quelconque chaleur.

Brr... 'you mind ?
Funny, I was about to ask you the same thing. But sure, don't get me wet tho. My compassion has its limits.
Après tout, pour le moment il ne ressentait pas l'humidité glaciale de ses vêtements un peu moins détrempés traverser les siens. Même si cela ne l'empêchait pas de sentir le froid l'aiguiller, lui arrachant de brefs frissons qui lui hérissaient le poil. Pour un peu, sa fumée, il l'aurait soufflée dans son propre col. M'enfin, c'était pas pire que New York. Ou les longues planques que les phantoms étaient supposé assurer qu'il pleuvent, qu'il vente ... ou qu'il neige.
Completely mad... Ouais, pas mal.
Hm ? Il la regarda du coin de l’œil et suivit son regard jusqu'à une bande de joyeux lurons qui continuaient d'aller, vaillants, épaule contre épaule, riant même.
Or just drunk enough. Alcohol makes you feel warmer after all.
Ce qui ne voulait pas dire qu'ils ne se les pelaient pas. Juste que leurs vaisseaux sanguins se dilataient sous l'effet de l'alcool, ramenant le sang chaud dans les extrémités, se qui expliquait aussi le teint rougi des ivrognes, au dépend du reste du corps. Un peu comme augmenter le chauffage dans une pièce dont les fenêtres seraient grandes ouvertes. Mais les merveilles de l'alcoolisme n'étaient pas sa première préoccupation du moment.
So, lemme guess. Southerner, but quite new around here. Not enough to have known our typical clima anyway.

Encore heureux qu'il ne l'ait pas chassée. Elle avait réussi à se réchauffer un peu une fois à l'intérieur du Castlebar, mais ses vêtements étaient encore froids - et les bords, encore mouillés.
— Funny, I was about to ask you the same thing. But sure, don't get me wet tho. My compassion has its limits.
— Mpf--!...
Et on lui ouvrait si gentiment la porte pour un sous-entendu déplacé! Mais il se retint, puisque le personna de Kim n'était pas aussi cru que celui de Gunthaer- ou pour le moins, pas aussi cru dans ce domaine.

En dévisageant un groupe de fêtards sur la rue opposée, et en se laissant aller en pensant à voix-haute, Arelan crut bon d'y mettre son grain de sel:

— Or just drunk enough, il observa. Alcohol makes you feel warmer after all.
Kim eut un petit sourire, baissant ses yeux sur son breuvage qui se refroidissait au niveau du pied. Tu parles d'un temps pour sortir !
— Right. Should've asked for a two thirds whiskey instead.
En parlant de la crème, elle n'avait plus sa tiédeur alléchante, s'étant calquée au froid ambiant.
— So, lemme guess.
Elle leva son nez tout rougi, croisant son regard par en-dessous.
— Southerner, but quite new around here. Not enough to have known our typical climate anyway.
Un sourire pinça ses lèvres, prévalant sur sa grimace.
—Hee hee, close, but no cigar! Apparently the reason it's so cold today is because of those Festival Magics.

Il baissa la tête pour se la frotter avec plus d'insistance sur son camarade, cherchant la chaleur qu'il renfermait. S'étranglant dans sa mauvaise foi:
— I'd like to say it screwed Mother Nature, but in THIS city, it could as well be taken litteraly!

Hee hee, close, but no cigar! Apparently the reason it's so cold today is because of those Festival Magics.
Il fronça le nez en la sentant se frotter contre lui.
Personnal space, kid.

I'd like to say it screwed Mother Nature, but in THIS city, it could as well be taken litteraly !
Mpfm. Quite what I meant with "typical" clima. The incarnations over here seems to built quite a ... very peticular micro-clima. I mean, mythology do holds a lot of gods and creature that are related to weather. Just, well, think of Apollo, Ra on one side and Chinook, Boreas on the other. Makes summer hotter than hell and freezing winters.

Pas bien différent de New York, en somme. Il eut un bref sifflement, jetant un coup de pied en direction du chien alors que celui-ci fouillait avec de plus en plus d'intérêt le sac, s'apprêtant à le déchirer de ses crocs probablement pour y chercher un reste de côtelette. Le clébart releva la tête, s'ébroua et se tourna vers la rue, les oreilles dressées. Deux hommes s'approchaient d'un bon pas, la tête à demie rentrée dans les épaules, le menton de l'un enfoui dans son cache-nez tandis que l'autre avait le bas du visage découvert sur un sourire en coin, croisant le regard de l'irlandais.

On dirait qu'le vieux a une touche...
Son camarade souffla du nez, plus pressé de rentrer au chaud que de plaisanter à propos d'une minette collée avec sa boisson à un vieux hibou, ou même de réfléchir à une réplique. Ou à leur situation. Il ouvrit la porte et s'y engouffra, attendant à peine son camarade qui dût se tenir lui même la porte. Il faisait trop froid et trop soif.
Bonne chance...

L'irlandais roula des yeux, secouant la tête avant de souffler un nouveau nuage de fumée avant de baisser les yeux vers le chien qui le fixait débilement, lui et la fille.

— Mpfm. Quite what I meant with "typical" climate.
— How 'zzat make me a southerner, then ??
— The incarnations over here seems to built quite a ... very peticular micro-climate. I mean, mythology do hold a lot of gods and creature that are related to weather. Just, well, think of Apollo, Ra on one side and Chinook, Boreas on the other. Makes summer hotter than hell and freezing winters.

— Yeah well, I'd rather have snow in summer and heat waves in winter ! Plus wouldn't it help with the tourism ?
Arelan rappela leur troisième compagnon, qui cherchait à faire plus ample connaissance avec une vieille côtelette dans la poubelle.

Il revint vite vers eux, attiré par le sifflement, et c'est peut-être au même moment que le chien galopait dans la neige que deux étrangers les frôlèrent.
— On dirait qu'le vieux a une touche...

Aussitôt on put voir les yeux de Kim sortir de leurs orbites se dévisager ouvertement ces deux malotrus (même le silencieux), qui passèrent leur chemin.
— Euh, NON MAIS, elle se hérissa, avec une voix rauque par l'air. De quoi j'me mêle !??
Ses épaules s'étaient raidies et elle leva le nez comme à la recherche de l'approbation (et du soutien?) de son partenaire.

Une vague de chaleur passa sur eux lorsqu'on ouvrit la porte du Castlebar, qui les enveloppa un instant dans sa chaleur, son ambiance, ses murmures de voix distants.... la porte claqua, et une bourrasque de vent balaya le reste du rêve.

Il l'observa s'énerver (encore) avec une pointe de cynisme. Et bien quoi ? C'était si honteux, d'être vu avec lui ? Alors qu'elle était sortie à ses côtés et à la barbe d'une trentaine de personnes peut-être ? Le pire fut qu'elle se tourna vers lui, l'air outré, cherchant son soutient comme une certaine blondinette ! Il eut un long soupir de fumée, détournant le regard alors que les changements successifs de température lui arrachaient un bref frisson

What do they say again ... commença-t-il en baissant les yeux sur le chien qui le regardait en retour d'un air interrogatif en se grattant le collier. First one to bark, last one to bite or some shit like that ?

— WHAT !
La vision qu'Arelan était de son côté s'envola avec le rêve de l'intérieur, et Kim roula une main en poing pour marteler de coups le torse du traître (coussinné par ses gants et le manteau du Phantom)

— You saying I have no BITE !?

Il la bloqua de l'avant-bras lorsqu'elle se jeta sur lui, la détournant pour l'esquiver d'une enjambée transversale. Fritz s'enfuit en courant avant de japper, indigné, vers l'homme qui avait faillit le piétiner et la femme qui l'attaquait.
What was that.
You saying I have no BITE !?

Il reprit une bouffée de nicotine alors que son visage reprenait un air de calme suffisance. Ce n'était donc que ça.
You're the one saying that.
Il siffla pour rappeler le chien qui se tendit sur ses pattes avec un grondement d'impatience, jetant des regards en biais à la rue principale. L'irlandais claqua de la langue et revint vers l'asiatique.
But you do seem to have some "bite" when alcool takes over, huh ? Watch out tho. Officer Mutt's on the watch, remember ? You miight not want him to bust you for agression.